Friedrich HÖLDERLIN / DIE WANDERUNG / LA
MIGRATION
(traduction proposée par Patrick Guillot)
__________________________________________________
LA MIGRATION
Bienheureuse
Suévie, ma mère,
Toi aussi, à la plus brillante, à la sœur
Lombardie de l’autre côté, semblable,
Par cent ruisseaux irriguée !
Et des arbres en suffisance, en blanche floraison et rougeâtres,
Et de plus obscurs, sauvages, pleins d’un feuillage au vert profond,
Et le massif des Alpes de la Suisse ombragent aussi
Ta voisine ; car proche du foyer des maisons
Habites-tu, et écoutes comment là-dedans
Hors des ciboires argentés
Bruit la source déversée
Par des mains pures, quand effleurée
Toi aussi, à la plus brillante, à la sœur
Lombardie de l’autre côté, semblable,
Par cent ruisseaux irriguée !
Et des arbres en suffisance, en blanche floraison et rougeâtres,
Et de plus obscurs, sauvages, pleins d’un feuillage au vert profond,
Et le massif des Alpes de la Suisse ombragent aussi
Ta voisine ; car proche du foyer des maisons
Habites-tu, et écoutes comment là-dedans
Hors des ciboires argentés
Bruit la source déversée
Par des mains pures, quand effleurée
Par les chauds rayons
La glace cristalline et renversées
Par le léger attouchement de la lumière
Les cimes neigeuses arrosent la terre
De l’eau la plus pure. C’est pourquoi t’est
Innée la fidélité. Dur de délaisser
Ce qui habite proche de l’origine, ce lieu.
Et tes filles, les villes,
Auprès du lac qu’on voit poindre tout au loin,
Aux pâturages du Neckar, près du Rhin,
Elles toutes le pensent, il n’était
Nulle part de meilleur endroit où habiter.
La glace cristalline et renversées
Par le léger attouchement de la lumière
Les cimes neigeuses arrosent la terre
De l’eau la plus pure. C’est pourquoi t’est
Innée la fidélité. Dur de délaisser
Ce qui habite proche de l’origine, ce lieu.
Et tes filles, les villes,
Auprès du lac qu’on voit poindre tout au loin,
Aux pâturages du Neckar, près du Rhin,
Elles toutes le pensent, il n’était
Nulle part de meilleur endroit où habiter.
Je veux pourtant aller
vers le Caucase !
Car, ai-je entendu dire
Encore aujourd’hui dans les brises :
Libres sont-ils comme les hirondelles, les poètes.
Mais c’est aussi, quelqu’un me l’a
Confié en mes jeunes années,
Qu’ils furent dans les temps anciens
Une fois, les ancêtres, la race allemande,
Tranquillement entraînés par les flots du Danube,
Aux jours d’été, comme ceux-ci
Se cherchaient un ombrage, ensemble
Avec les fils du soleil
Venus au bord de la Mer Noire ;
Et ce n’est pas en vain que celle-ci
Fut dite hospitalière.
Car, ai-je entendu dire
Encore aujourd’hui dans les brises :
Libres sont-ils comme les hirondelles, les poètes.
Mais c’est aussi, quelqu’un me l’a
Confié en mes jeunes années,
Qu’ils furent dans les temps anciens
Une fois, les ancêtres, la race allemande,
Tranquillement entraînés par les flots du Danube,
Aux jours d’été, comme ceux-ci
Se cherchaient un ombrage, ensemble
Avec les fils du soleil
Venus au bord de la Mer Noire ;
Et ce n’est pas en vain que celle-ci
Fut dite hospitalière.
Car, alors qu’ils
s’étaient seulement considérés,
Là seulement s’approchèrent les autres ; puis vinrent s’asseoir aussi
Les nôtres, curieux, sous les oliviers.
Cependant, alors que s’effleuraient leurs vêtements,
Et que nul ne pouvait comprendre
Le propre langage de l’autre, se serait bien
Élevée une querelle, si du haut des branches
N’était venue la fraîcheur,
Le sourire, sur le visage
Des combattants, souvent élargi, et un moment
Levèrent-ils tranquillement les yeux, puis ils se tendirent
Des mains aimantes les uns aux autres. Et bientôt
Là seulement s’approchèrent les autres ; puis vinrent s’asseoir aussi
Les nôtres, curieux, sous les oliviers.
Cependant, alors que s’effleuraient leurs vêtements,
Et que nul ne pouvait comprendre
Le propre langage de l’autre, se serait bien
Élevée une querelle, si du haut des branches
N’était venue la fraîcheur,
Le sourire, sur le visage
Des combattants, souvent élargi, et un moment
Levèrent-ils tranquillement les yeux, puis ils se tendirent
Des mains aimantes les uns aux autres. Et bientôt
Échangèrent-ils les
armes et tous
Les chers biens de la maison,
Échangèrent aussi la parole et firent des vœux
Les pères bienveillants, non en vain,
Dans la joie des noces, pour les enfants.
Car de ces unions consacrées
Naquit, plus belle que tout
Ce qui avant et depuis
S’est donné le nom d’homme, une race ici. Où,
Où habitez-vous pourtant, chère parenté,
Que nous puissions reconduire l’alliance
Et songer aux aïeux bien-aimés ?
Les chers biens de la maison,
Échangèrent aussi la parole et firent des vœux
Les pères bienveillants, non en vain,
Dans la joie des noces, pour les enfants.
Car de ces unions consacrées
Naquit, plus belle que tout
Ce qui avant et depuis
S’est donné le nom d’homme, une race ici. Où,
Où habitez-vous pourtant, chère parenté,
Que nous puissions reconduire l’alliance
Et songer aux aïeux bien-aimés ?
Là-bas sur les rivages,
sous les arbres
De l’Ionie, dans les plaines du Kaïstre,
Où les grues, réjouies par l’azur,
Sont entourées par les monts que l’on voit poindre dans le lointain,
Là-bas fûtes-vous aussi, vous les plus beaux ! ou cultivant
Les Iles que couronnent les vignes,
Toutes sonores de chants ; d’autres encore habitèrent
Au Taygète, à l’Hymette tant vantée
Qui fleurit la dernière ; cependant,
De la source du Parnasse jusqu’aux ruisseaux
Rutilant d’or du Tmolos retentit
Une éternelle mélodie ; ainsi bruissent
Comme alors les forêts sacrées et toutes
Les lyres ensemble
Émues par la céleste douceur.
De l’Ionie, dans les plaines du Kaïstre,
Où les grues, réjouies par l’azur,
Sont entourées par les monts que l’on voit poindre dans le lointain,
Là-bas fûtes-vous aussi, vous les plus beaux ! ou cultivant
Les Iles que couronnent les vignes,
Toutes sonores de chants ; d’autres encore habitèrent
Au Taygète, à l’Hymette tant vantée
Qui fleurit la dernière ; cependant,
De la source du Parnasse jusqu’aux ruisseaux
Rutilant d’or du Tmolos retentit
Une éternelle mélodie ; ainsi bruissent
Comme alors les forêts sacrées et toutes
Les lyres ensemble
Émues par la céleste douceur.
Ô pays d’Homère !
Sous le cerisier pourpre ou quand,
Apportées par toi dans les vignobles, pour moi
Verdissent les jeunes pêches,
Et que l’hirondelle vient de loin et en babillant
Contre mon mur bâtit son nid, dans
Les jours de mai, sous les étoiles aussi
Je songe, ô Ionie, à toi ! cependant les hommes
Aiment ce qui est le présent. C’est pourquoi suis-je
Revenu, ô les Iles, pour vous voir, et vous,
Ô embouchures des fleuves, ô vous palais de Thétis,
Ô forêts, vous, et vous, ô nuages de l’Ida !
Sous le cerisier pourpre ou quand,
Apportées par toi dans les vignobles, pour moi
Verdissent les jeunes pêches,
Et que l’hirondelle vient de loin et en babillant
Contre mon mur bâtit son nid, dans
Les jours de mai, sous les étoiles aussi
Je songe, ô Ionie, à toi ! cependant les hommes
Aiment ce qui est le présent. C’est pourquoi suis-je
Revenu, ô les Iles, pour vous voir, et vous,
Ô embouchures des fleuves, ô vous palais de Thétis,
Ô forêts, vous, et vous, ô nuages de l’Ida !
Cependant je ne songe
pas à demeurer.
Inamicale est-elle, et dure à gagner,
La Taciturne, celle que je quittai, la Mère.
Un de ses fils, le Rhin,
Par force voulut contre son cœur se précipiter, et disparut
Le Relégué, nul ne sait où, dans le lointain.
Cependant, je ne souhaite pas être parti ainsi
De chez elle, et seulement pour vous convier
Suis-je vers vous, ô Grâces du pays des Grecs,
Ô Filles du ciel, parti,
Afin, si le voyage n’est pas trop long,
Que vous veniez à nous, ô Favorables !
Inamicale est-elle, et dure à gagner,
La Taciturne, celle que je quittai, la Mère.
Un de ses fils, le Rhin,
Par force voulut contre son cœur se précipiter, et disparut
Le Relégué, nul ne sait où, dans le lointain.
Cependant, je ne souhaite pas être parti ainsi
De chez elle, et seulement pour vous convier
Suis-je vers vous, ô Grâces du pays des Grecs,
Ô Filles du ciel, parti,
Afin, si le voyage n’est pas trop long,
Que vous veniez à nous, ô Favorables !
Si plus doucement
soufflent les airs,
Et que les flèches amoureuses du matin
À nous trop patients sont destinées,
Et que de légers nuages fleurissent
Pour nous au-dessus des yeux timides,
Dirons-nous alors : comment êtes-vous venues,
Charités, chez les Barbares ?
Mais les servantes du ciel
Sont prodigieuses,
Comme tous ceux de naissance divine.
En un rêve se changent-elles, quelqu’un veut-il
S’insinuer et les saisir, qui
Veut leur ressembler par force ;
Souvent, ça en surprend un
Qui juste à peine y a songé.
Et que les flèches amoureuses du matin
À nous trop patients sont destinées,
Et que de légers nuages fleurissent
Pour nous au-dessus des yeux timides,
Dirons-nous alors : comment êtes-vous venues,
Charités, chez les Barbares ?
Mais les servantes du ciel
Sont prodigieuses,
Comme tous ceux de naissance divine.
En un rêve se changent-elles, quelqu’un veut-il
S’insinuer et les saisir, qui
Veut leur ressembler par force ;
Souvent, ça en surprend un
Qui juste à peine y a songé.
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DIE
WANDERUNG
LA MIGRATION
Glückselig Suevien, meine Mutter,
Bienheureuse Suévie, ma mère,
Auch du, der glänzenderen, der Schwester
Toi aussi, à la plus brillante, à la sœur
Lombarda drüben gleich,
Lombardie de l’autre côté, semblable,
Von hundert Bächen durchflossen !
Par cent ruisseaux irriguée !
Und Bäume genug, weißblühend und rötlich,
Et des arbres en suffisance, en blanche floraison et rougeâtres,
Und dunklere, wild, tiefgrünenden Laubs voll,
Et de plus obscurs, sauvages, pleins d’un feuillage au vert profond,
Und Alpengebirg, der Schweiz auch überschattet
Et le massif des Alpes de la Suisse ombragent aussi
Benachbartes dich ; denn nah dem Herde des Hauses
Ta voisine ; car proche du foyer des maisons
Wohnst du, und hörst, wie drinnen
Habites-tu, et écoutes comment là-dedans
Aus silbernen Opferschalen
Hors des ciboires argentés
Der Quell rauscht, ausgeschüttet
Bruit la source déversée
Von reinen Händen, wenn berührt
Par des mains pures, quand effleurée
Von warmen Strahlen
Par les chauds rayons
Kristallenes Eis und umgestürtzt
La glace cristalline et renversées
Vom leichtanregenden Lichte
Par le léger attouchement de la lumière
Der schneeige Gipfel übergießt die Erde
Les cimes neigeuses arrosent la terre
Mit reinestem Wasser. Darum ist
De l’eau la plus pure. C’est pourquoi t’est
Dir angeboren die Treue. Schwer verläßt,
Innée la fidélité. Dur de délaisser
Was nahe dem Ursprung wohnet, den Ort.
Ce qui habite proche de l’origine, ce lieu.
Und deine Kinder, die Städte,
Et tes filles, les villes,
Am weithindämmernden See,
Auprès du lac qu’on voit poindre tout au loin,
An Neckars Weiden, am Rheine,
Aux pâturages du Neckar, près du Rhin,
Sie alle meinen, es wäre
Elles toutes le pensent, il n’était
Sonst nirgend besser zu wohnen.
Nulle part de meilleur endroit où habiter.
Par les chauds rayons
Kristallenes Eis und umgestürtzt
La glace cristalline et renversées
Vom leichtanregenden Lichte
Par le léger attouchement de la lumière
Der schneeige Gipfel übergießt die Erde
Les cimes neigeuses arrosent la terre
Mit reinestem Wasser. Darum ist
De l’eau la plus pure. C’est pourquoi t’est
Dir angeboren die Treue. Schwer verläßt,
Innée la fidélité. Dur de délaisser
Was nahe dem Ursprung wohnet, den Ort.
Ce qui habite proche de l’origine, ce lieu.
Und deine Kinder, die Städte,
Et tes filles, les villes,
Am weithindämmernden See,
Auprès du lac qu’on voit poindre tout au loin,
An Neckars Weiden, am Rheine,
Aux pâturages du Neckar, près du Rhin,
Sie alle meinen, es wäre
Elles toutes le pensent, il n’était
Sonst nirgend besser zu wohnen.
Nulle part de meilleur endroit où habiter.
Ich aber will dem
Kaukasos zu !
Je veux pourtant aller vers le Caucase !
Denn sagen hört ich
Car, ai-je entendu dire
Noch heut in den Lüften :
Encore aujourd’hui dans les brises :
Frei sei’n, wie Schwalben, die Dichter.
Libres sont-ils, comme les hirondelles, les poètes.
Auch hat mir ohnedies
Mais c’est aussi, quelqu’un me l’a
In jüngeren Tagen vertraut,
Confié en mes jeunes années,
Es seien vor alter Zeit
Qu’ils furent dans les temps anciens
Die Eltern einst, das deutsche Geschlecht,
Une fois, les ancêtres, la race allemande,
Still fortgezogen von Wellen der Donau,
Tranquillement entraînés par les flots du Danube,
Am Sommertage, da diese
Aux jours d’été, comme ceux-ci
Sich Schatten suchten, zusammen
Se cherchaient un ombrage, ensemble
Mit Kindern der Sonn
Avec les fils du soleil
Am schwarzen Meere gekommen ;
Venus au bord de la Mer Noire ;
Und nicht umsonst sei dies
Et ce n’est pas en vain que celle-ci
Das gastfreundliche genennet.
Fut dite hospitalière.
Je veux pourtant aller vers le Caucase !
Denn sagen hört ich
Car, ai-je entendu dire
Noch heut in den Lüften :
Encore aujourd’hui dans les brises :
Frei sei’n, wie Schwalben, die Dichter.
Libres sont-ils, comme les hirondelles, les poètes.
Auch hat mir ohnedies
Mais c’est aussi, quelqu’un me l’a
In jüngeren Tagen vertraut,
Confié en mes jeunes années,
Es seien vor alter Zeit
Qu’ils furent dans les temps anciens
Die Eltern einst, das deutsche Geschlecht,
Une fois, les ancêtres, la race allemande,
Still fortgezogen von Wellen der Donau,
Tranquillement entraînés par les flots du Danube,
Am Sommertage, da diese
Aux jours d’été, comme ceux-ci
Sich Schatten suchten, zusammen
Se cherchaient un ombrage, ensemble
Mit Kindern der Sonn
Avec les fils du soleil
Am schwarzen Meere gekommen ;
Venus au bord de la Mer Noire ;
Und nicht umsonst sei dies
Et ce n’est pas en vain que celle-ci
Das gastfreundliche genennet.
Fut dite hospitalière.
Denn,
als sie erst sicht angesehen,
Car, alors qu’ils s’étaient seulement considérés,
Da nahten die Anderen erst ; dann stazten auch
Là seulement s’approchèrent les autres ; puis vinrent s’asseoir aussi
Die Unseren sich neugierig unter den Ölbaum.
Les nôtres, curieux, sous les oliviers.
Doch als sich ihre Gewande berührt,
Cependant, alors que s’effleuraient leurs vêtements,
Und keiner vernehmen konnte
Et que nul ne pouvait comprendre
Die eigene Rede des andern, wäre wohl
Le propre langage de l’autre, se serait bien
Enstanden ein Zwist, wenn nicht aus Zweigen herunter
Élevée une querelle, si du haut des branches
Gekommen wäre die Kühlung,
N’était venue la fraîcheur,
Die Lächeln über das Angesicht
Le sourire, sur le visage
Der Streitenden öfters breitet, und ein Weile
Des combattants, souvent élargi, et un moment
Sahn still sie auf, dann reichten sie sich
Levèrent-ils tranquillement les yeux, puis ils se tendirent
Die Hände liebend einander. Und bald
Des mains aimantes les uns aux autres. Et bientôt
Car, alors qu’ils s’étaient seulement considérés,
Da nahten die Anderen erst ; dann stazten auch
Là seulement s’approchèrent les autres ; puis vinrent s’asseoir aussi
Die Unseren sich neugierig unter den Ölbaum.
Les nôtres, curieux, sous les oliviers.
Doch als sich ihre Gewande berührt,
Cependant, alors que s’effleuraient leurs vêtements,
Und keiner vernehmen konnte
Et que nul ne pouvait comprendre
Die eigene Rede des andern, wäre wohl
Le propre langage de l’autre, se serait bien
Enstanden ein Zwist, wenn nicht aus Zweigen herunter
Élevée une querelle, si du haut des branches
Gekommen wäre die Kühlung,
N’était venue la fraîcheur,
Die Lächeln über das Angesicht
Le sourire, sur le visage
Der Streitenden öfters breitet, und ein Weile
Des combattants, souvent élargi, et un moment
Sahn still sie auf, dann reichten sie sich
Levèrent-ils tranquillement les yeux, puis ils se tendirent
Die Hände liebend einander. Und bald
Des mains aimantes les uns aux autres. Et bientôt
Vertauschten sie Waffen
und all
Échangèrent-ils les armes et tous
Die lieben Güter des Hauses,
Les chers biens de la maison,
Vertauschten das Wort auch und es wünschten
Échangèrent aussi la parole et firent des vœux
Die freundlichen Väters umsonst nichts
Les pères bienveillants, non en vain,
Beim Hochzeitjubel den Kindern.
Dans la joie des noces, pour les enfants.
Denn aus den heiligvermählten
Car de ces unions consacrées
Wuchs schöner, denn Alles,
Naquit, plus belle que tout
Was vor und nach
Ce qui avant et depuis
Von Menschen sich nannt, ein Geschlecht auf. Wo,
S’est donné le nom d’homme, une race ici. Où,
Wo aber wohnt ihr, liebe Verwandten,
Où habitez-vous pourtant, chère parenté,
Daß wir das Bündnis wiederbegehn
Que nous puissions reconduire l’alliance
Und der teuern Ahnen gedenken ?
Et songer aux aïeux bien-aimés ?
Échangèrent-ils les armes et tous
Die lieben Güter des Hauses,
Les chers biens de la maison,
Vertauschten das Wort auch und es wünschten
Échangèrent aussi la parole et firent des vœux
Die freundlichen Väters umsonst nichts
Les pères bienveillants, non en vain,
Beim Hochzeitjubel den Kindern.
Dans la joie des noces, pour les enfants.
Denn aus den heiligvermählten
Car de ces unions consacrées
Wuchs schöner, denn Alles,
Naquit, plus belle que tout
Was vor und nach
Ce qui avant et depuis
Von Menschen sich nannt, ein Geschlecht auf. Wo,
S’est donné le nom d’homme, une race ici. Où,
Wo aber wohnt ihr, liebe Verwandten,
Où habitez-vous pourtant, chère parenté,
Daß wir das Bündnis wiederbegehn
Que nous puissions reconduire l’alliance
Und der teuern Ahnen gedenken ?
Et songer aux aïeux bien-aimés ?
Dort an den Ufern,
unter den Bäumen
Là-bas sur les rivages, sous les arbres
Ionias, in Ebenen des Kaysters,
De l’Ionie, dans les plaines du Kaïstre,
Wo Kraniche, des Aethers froh,
Où les grues, réjouies par l’azur,
Umschlossen sind von fernhindämmernden Bergen,
Sont entourées par les monts que l’on voit poindre dans le lointain,
Dort wart auch ihr, ihr Schönsten ! oder pflegtet
Là-bas fûtes-vous aussi, vous les plus beaux ! ou cultivant
Der Inseln, die mit Wein bekränzt,
Les Iles que couronnent les vignes,
Voll tönten von Gesang ; noch andere wohnten
Toutes sonores de chants ; d’autres encore habitèrent
Am Tayget, am vielgepriesnen Hymettos,
Au Taygète, à l’Hymette tant vantée
Die blühten zuletzt ; doch von
Qui fleurit la dernière ; cependant,
Parnassos Quell bis zu des Tmolos
De la source du Parnasse jusqu’aux ruisseaux
Goldglänzenden Bächen erklang
Rutilant d’or du Tmolos retentit
Ein ewiges Lied ; so rauschten
Une éternelle mélodie ; ainsi bruissent
Damals die Wälder und all
Comme alors les forêts sacrées et toutes
Die Saitenspiele zusamt
Les lyres ensemble
Von himmlischer Milde gerühret.
Émues par la céleste douceur.
Là-bas sur les rivages, sous les arbres
Ionias, in Ebenen des Kaysters,
De l’Ionie, dans les plaines du Kaïstre,
Wo Kraniche, des Aethers froh,
Où les grues, réjouies par l’azur,
Umschlossen sind von fernhindämmernden Bergen,
Sont entourées par les monts que l’on voit poindre dans le lointain,
Dort wart auch ihr, ihr Schönsten ! oder pflegtet
Là-bas fûtes-vous aussi, vous les plus beaux ! ou cultivant
Der Inseln, die mit Wein bekränzt,
Les Iles que couronnent les vignes,
Voll tönten von Gesang ; noch andere wohnten
Toutes sonores de chants ; d’autres encore habitèrent
Am Tayget, am vielgepriesnen Hymettos,
Au Taygète, à l’Hymette tant vantée
Die blühten zuletzt ; doch von
Qui fleurit la dernière ; cependant,
Parnassos Quell bis zu des Tmolos
De la source du Parnasse jusqu’aux ruisseaux
Goldglänzenden Bächen erklang
Rutilant d’or du Tmolos retentit
Ein ewiges Lied ; so rauschten
Une éternelle mélodie ; ainsi bruissent
Damals die Wälder und all
Comme alors les forêts sacrées et toutes
Die Saitenspiele zusamt
Les lyres ensemble
Von himmlischer Milde gerühret.
Émues par la céleste douceur.
O Land des Homer !
Ô pays d’Homère !
Am purpuren Kirschbaum oder wenn
Sous le cerisier pourpre ou quand,
Von dir gesandt im Weinberg mir
Apportées par toi dans les vignobles, pour moi
Die jungen Pfirsiche grünen,
Verdissent les jeunes pêches,
Und die Schwalbe fernher kommt und vieles erzählend
Et que l’hirondelle vient de loin et en babillant
An meinen Wänden ihr Haus baut, in
Contre mon mur bâtit son nid, dans
Den Tagen des Mais, auch unter den Sternen
Les jours de mai, sous les étoiles aussi
Gedenk ich, o Ionia, dein ! doch Menschen
Je songe, ô Ionie, à toi ! cependant les hommes
Ist Gegenwärtiges lieb. Drum bin ich
Aiment ce qui est le présent. C’est pourquoi suis-je
Gekommen, euch, ihr Inseln, zu sehn, und euch,
Revenu, ô les Iles, pour vous voir, et vous,
Ihr Mündungen der Ströme, o ihr Hallen der Thetis,
Ô embouchures des fleuves, ô vous palais de Thétis,
Ihr Wälder, euch, und euch, ihr Wolken des Ida !
Ô forêts, vous, et vous, ô nuages de l’Ida !
Ô pays d’Homère !
Am purpuren Kirschbaum oder wenn
Sous le cerisier pourpre ou quand,
Von dir gesandt im Weinberg mir
Apportées par toi dans les vignobles, pour moi
Die jungen Pfirsiche grünen,
Verdissent les jeunes pêches,
Und die Schwalbe fernher kommt und vieles erzählend
Et que l’hirondelle vient de loin et en babillant
An meinen Wänden ihr Haus baut, in
Contre mon mur bâtit son nid, dans
Den Tagen des Mais, auch unter den Sternen
Les jours de mai, sous les étoiles aussi
Gedenk ich, o Ionia, dein ! doch Menschen
Je songe, ô Ionie, à toi ! cependant les hommes
Ist Gegenwärtiges lieb. Drum bin ich
Aiment ce qui est le présent. C’est pourquoi suis-je
Gekommen, euch, ihr Inseln, zu sehn, und euch,
Revenu, ô les Iles, pour vous voir, et vous,
Ihr Mündungen der Ströme, o ihr Hallen der Thetis,
Ô embouchures des fleuves, ô vous palais de Thétis,
Ihr Wälder, euch, und euch, ihr Wolken des Ida !
Ô forêts, vous, et vous, ô nuages de l’Ida !
Doch nicht zu bleiben
gedenk ich.
Cependant je ne songe pas à demeurer.
Unfreundlich ist und schwer zu gewinnen
Inamicale est-elle, et dure à gagner,
Die Verschlossene, der ich entkommen, die Mutter.
La Taciturne, celle que je quittai, la Mère.
Von ihren Söhnen einer, der Rhein,
Un de ses fils, le Rhin,
Mit Gewalt wollt er ans Herz ihr stürzen und schwand
Par force voulut contre son cœur se précipiter, et disparut
Der Zurückgestoßene, niemand weiß, wohin, in die Ferne.
Le Relégué, nul ne sait où, dans le lointain.
Doch so nicht wünscht ich gegangen zu sein,
Cependant, je ne souhaite pas être parti ainsi
Von ihr, und nur, euch einzuladen,
De chez elle, et seulement pour vous convier
Bin ich zu euch, ihr Grazien Griechenlands,
Suis-je vers vous, ô Grâces du pays des Grecs,
Ihr Himmelstöchter, gegangen,
Ô Filles du ciel, parti,
Daß, wenn die Reise zu weit nicht ist,
Afin, si le voyage n’est pas trop long,
Zu uns ihr kommet, ihr Holden !
Que vous veniez à nous, ô Favorables !
Cependant je ne songe pas à demeurer.
Unfreundlich ist und schwer zu gewinnen
Inamicale est-elle, et dure à gagner,
Die Verschlossene, der ich entkommen, die Mutter.
La Taciturne, celle que je quittai, la Mère.
Von ihren Söhnen einer, der Rhein,
Un de ses fils, le Rhin,
Mit Gewalt wollt er ans Herz ihr stürzen und schwand
Par force voulut contre son cœur se précipiter, et disparut
Der Zurückgestoßene, niemand weiß, wohin, in die Ferne.
Le Relégué, nul ne sait où, dans le lointain.
Doch so nicht wünscht ich gegangen zu sein,
Cependant, je ne souhaite pas être parti ainsi
Von ihr, und nur, euch einzuladen,
De chez elle, et seulement pour vous convier
Bin ich zu euch, ihr Grazien Griechenlands,
Suis-je vers vous, ô Grâces du pays des Grecs,
Ihr Himmelstöchter, gegangen,
Ô Filles du ciel, parti,
Daß, wenn die Reise zu weit nicht ist,
Afin, si le voyage n’est pas trop long,
Zu uns ihr kommet, ihr Holden !
Que vous veniez à nous, ô Favorables !
Wenn milder atmen die
Lüfte,
Si plus doucement soufflent les airs,
Und liebende Pfeile der Morgen
Et que les flèches amoureuses du matin
Uns Allzugedultigen schickt,
À nous trop patients sont destinées,
Und leichte Gewölke blühn
Et que les nuages légers fleurissent
Uns über den schüchternen Augen,
Pour nous au-dessus des yeux timides,
Dann werden wir sagen, wie kommt
Dirons-nous alors : comment êtes-vous venues,
Ihr, Charitinnen, zu Wilden ?
Charités, chez les Barbares ?
Die Dienerinnen des Himmels
Mais les servantes du ciel
Sind aber wunderbar,
Sont prodigieuses,
Wie alles Göttlichgeborne.
Comme tous ceux de naissance divine.
Zum Traume wirds ihm, will es Einer
En un rêve se changent-elles, quelqu’un veut-il
Beschleichen und straft den, der
S’insinuer et les saisir, qui
Ihm gleichen will mit Gewalt ;
Veut leur ressembler par force.
Oft überraschet es einen,
Souvent, ça en surprend un
Der eben kaum es gedacht hat.
Qui juste à peine y a songé.
Si plus doucement soufflent les airs,
Und liebende Pfeile der Morgen
Et que les flèches amoureuses du matin
Uns Allzugedultigen schickt,
À nous trop patients sont destinées,
Und leichte Gewölke blühn
Et que les nuages légers fleurissent
Uns über den schüchternen Augen,
Pour nous au-dessus des yeux timides,
Dann werden wir sagen, wie kommt
Dirons-nous alors : comment êtes-vous venues,
Ihr, Charitinnen, zu Wilden ?
Charités, chez les Barbares ?
Die Dienerinnen des Himmels
Mais les servantes du ciel
Sind aber wunderbar,
Sont prodigieuses,
Wie alles Göttlichgeborne.
Comme tous ceux de naissance divine.
Zum Traume wirds ihm, will es Einer
En un rêve se changent-elles, quelqu’un veut-il
Beschleichen und straft den, der
S’insinuer et les saisir, qui
Ihm gleichen will mit Gewalt ;
Veut leur ressembler par force.
Oft überraschet es einen,
Souvent, ça en surprend un
Der eben kaum es gedacht hat.
Qui juste à peine y a songé.
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