lundi 18 juin 2018

HÖLDERLIN / DER RHEIN / LE RHIN


 Friedrich HÖLDERLIN / DER RHEIN / LE RHIN  

(traduction proposée par Patrick Guillot)


 

LE RHIN
                                           à Isaac von Sinclair

Parmi le sombre lierre je m’assis, à la porte
De la forêt, précisément, quand le midi doré,
Visitant la source, descendait
Les marches du massif alpin
Qui, pour moi, le divinement bâti,
La citadelle des Célestes se nomme
Selon l’ancienne opinion, mais où
En secret bien des choses encore décidément
Atteignent les hommes ; de là
Ai-je perçu sans m’en douter
Un destin, car encore à peine
M’était, dans l’ombre chaude
Discutant avec elle-même de bien des choses, l’âme
Cambrée vers l’Italie
Et partie au loin sur les côtes de Morée.
Mais à présent, au-dedans du massif,
Tout au fond sous les cimes argentées
Et sous la joyeuse verdure,
Où les forêts frissonnant vers lui,
Et les têtes des rocs les unes au-dessus des autres
Regardent en bas, à longueur de journée, là-bas
Dans le plus froid abîme j’entendis
Gémissant après la délivrance
L’adolescent, on l’entendait, comment il rageait,
Et accusait la Terre Mère,
Et ce Tonnant qui l’engendra,
Apitoyant les parents, cependant
Les mortels fuyaient ce lieu,
Car horrible était-elle, quand privé de lumière il
Se roulait dans les entraves,
La fureur du demi-dieu.
La voix était-ce du plus noble des fleuves,
Du Rhin librement-né,
Et autre chose espérait-il quand là-haut, des frères,
Du Tessin et du Rhône,
Il se sépara et voulut émigrer, et impatiente
Vers l’Asie le pressait l’âme royale.
Pourtant est insensé
Le souhait face au destin.
Mais les plus aveugles
Sont les fils des dieux. Car il connaît, l’homme,
Sa maison, et pour la bête il y eut où
Pouvoir la bâtir, pourtant à ceux-là est
Le manque, qu’ils ne sachent où aller,
Mis en l’âme inexperte.
Une énigme est le surgissant pur. Même
Au chant est à peine permis de le dévoiler. Car
Tel que tu débutais vas-tu demeurer,
Si fortement qu’agis la nécessité,
Et la discipline, le plus en effet
Influe la naissance,
Et le rayon de lumière qui
Rencontre le nouveau-né.
Mais où en est-il un
Pour demeurer libre
Sa vie durant, et le souhait du cœur
À combler seul, ainsi
Des hauteurs propices, tel le Rhin,
Et ainsi d’un giron sacré
Heureusement né, tel celui-ci ?
C’est pourquoi est un cri de joie sa parole.
Il n’aime pas, tel d’autres enfants,
Pleurer dans ses langes ;
Car, où les rives tout d’abord
Au côté lui glissent, les sournoises,
Et assoiffées l’enlacent,
L’imprudent, pour l’attirer
Et certes pour désirer le garder
Sous leurs propres crocs, en riant
Déchire-t-il les serpents et se précipite
Avec la proie, et si en hâte
Un plus grand ne l’apprivoise pas,
Le laisse croître, tel l’éclair doit-il
Fendre la terre, et telles qu’envoûtées s’enfuient
Les forêts à sa suite et s’effondrent les montagnes.
Mais un dieu veut épargner aux fils
La vie hâtive et sourit
Quand, intempérants mais ralentis
Par les Alpes sacrées, contre lui
Dans les profondeurs, tel celui-là, s’irritent les fleuves.
Alors en un tel fourneau
Se forge aussi tout métal sans alliage,
Et c’est beau, comment ensuite,
Après qu’il a délaissé les montagnes,
Cheminant calmement en pays allemand, il se
Contente et calme la nostalgie
Par de bonnes affaires, quand il bâtit le pays,
Le Père, le Rhin, et nourrit de chers enfants
Dans les cités qu’il a fondées.
Pourtant jamais, jamais ne l’oublie-t-il.
Car doit plutôt s’effacer l’habitation,
Et le statut, et devenir informe
Le jour des hommes, plutôt que soit permis
À un tel d’oublier l’origine
Et la voix pure de la jeunesse.
Qui fut-il, le premier
À corrompre les liens de l’amour
Et faire d’eux des cordages ?
Alors leur propre droit
Et bien sûr le feu céleste les ont
Moqués les obstinés, dès l’abord
Méprisant les voies mortelles ont-ils
Choisi la témérité
Et aspiré à devenir semblables aux dieux.
Mais ils en ont, de leur propre
Immortalité, bien assez les dieux, et exigent-ils,
Les célestes, une seule chose,
Ce que sont les héros et les hommes
Et les mortels à l’ordinaire. Car, en effet
Les bienheureux ne ressentant rien par eux-mêmes,
Il faut bien, si dire une telle chose
Est permis, qu’au nom des dieux
Compatissant ressente un autre,
Ils ont besoin de lui ; toutefois leur justice
Est que sa propre maison
Il la renverse, et que les plus chers
Il les invective comme ennemis, et que père et enfants
S’ensevelissent sous les décombres,
Si quelqu’un, comme eux, veut être et ne pas
Tolérer la dissemblance, l’exalté.
C’est pourquoi lui est un bien, à celui qui trouva
Un destin bien départi,
Où là encore, des migrations
Et, suave, des souffrances, le souvenir
Retentit au sûr rivage,
Qu’ici et là-bas il veuille bien
Voir jusqu’aux frontières,
Celles qu’à la naissance un dieu
Lui a tracées pour le séjour.
Alors se repose-t-il, heureusement modeste,
Car tout ce qu’il voulait,
Le céleste, de lui-même l’embrasse
Indompté, souriant
À présent, quand il se repose, à cet audacieux.
Les demi-dieux je pense à présent
Et je dois connaître les bien-aimés,
Souvent en effet leur vie ainsi
Me remue l’ardente poitrine.
À qui pourtant, comme, Rousseau, à toi,
Invincible était l’âme,
La fort-persévérante,
Et le sens assuré
Et le suave don d’écouter,
De dire ainsi, que par plénitude sacrée
Tel le dieu du vin, follement divine
Et sans statut, elle, la langue des plus purs, il la rende
Intelligible aux bons, mais avec raison
Frappe d’aveuglement les irrespectueux,
Les serviles profanateurs, comment nommerai-je cet étranger?
Les fils de la Terre sont, tels la Mère,
Aimant toutes choses, ainsi reçoivent-ils aussi
Sans effort, les heureux, toutes choses.
C’est pourquoi ça surprend aussi
Et terrifie l’homme mortel,
Quand au ciel, celui
Qu’avec des bras aimants
Il s’est amassé sur les épaules,
Et au poids de la joie, il pense ;
Alors lui paraît souvent le meilleur,
Presque tout à fait oublié là,
Où le rayon ne brûle pas,
D’être dans l’ombre de la forêt
Près du lac de Bienne, dans la fraîche verdure,
Et insouciant pauvre en chansons,
Pareil au débutant, d’apprendre auprès des rossignols.
Et c’est magnifique, sortant du sommeil sacré, alors
De se redresser et, sortant de la fraîcheur de la forêt
En s’éveillant, maintenant au soir
D’aller à la rencontre de la lumière plus douce,
Quand, lui qui bâtit les montagnes
Et traça la voie aux fleuves,
Après que souriant aussi
À la vie affairée des hommes,
L’essoufflée, telle une voile
Avec ses brises il l’a dirigée,
Lui aussi se repose, et vers l’écolière à présent,
Le formateur, trouvant plus de bien
Que de mal,
Vers la terre d’aujourd’hui le jour s’incline. —
Alors fêtent-ils les noces, hommes et dieux,
Ils fêtent, tous les vivants,
Et en équilibre
Est un moment le destin.
Et les fugitifs cherchent le refuge,
Et doux sommeil les braves,
Mais les amants
Sont ce qu’ils furent, ils sont
À la maison, où la fleur se réjouit
D’un inoffensif brasier, et les sombres arbres
L’esprit les entoure d’un murmure, mais les irréductibles
Sont tout changés, et se hâtent
Plutôt de se tendre la main,
Avant que l’amicale lumière
Ne tombe et que la nuit vienne.
Cependant pour les uns se hâte
Cela, vite passé, d’autres
Le gardent plus longtemps.
Les dieux éternels sont
Pleins de vie tout le temps ; mais jusque dans la mort
Un homme peut aussi
En mémoire garder cependant le meilleur,
Et alors connaît-il le plus haut.
Chacun n’a que sa mesure.
Car lourd à porter est
Le malheur, mais plus lourd le bonheur.
Mais un sage fut capable,
De midi jusqu’au milieu de la nuit,
Et jusqu’à ce que le matin resplendît,
Au banquet de demeurer lucide.
Pour toi peut-il, sur la voie brûlante sous les pins ou
Dans l’obscurité de la forêt de chênes revêtu
D’acier, mon Sinclair ! apparaître, Dieu, ou
Dans les nuées, tu le connais, là tu connaissais, juvénile,
La force du bien, et jamais ne t’est
Dérobé le sourire du souverain,
De jour quand
Fébrile et enchaîné
Paraît le vivant, ou bien aussi
De nuit quand il est tout emmêlé
Sans ordre et que revient
L’immémoriale confusion.


  
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DER RHEIN
                                        LE RHIN
                                An Isaak von Sinclair /  à Isaac von Sinclair
Im dunkeln Efeu saß ich, an der Pforte                  (1)
    Parmi le sombre lierre je m’assis, à la porte
Des Waldes, eben, da der goldene Mittag,
    De la forêt, précisément, quand le midi doré,
Den Quell besuchend, herunterkam
    Visitant la source, descendait
Von Treppen des Alpengebirgs,
    Les marches du massif alpin
Das mir die göttlichgebaute,
    Qui, pour moi, le divinement bâti,
Die Burg der Himmlischen heißt
    La citadelle des Célestes se nomme
Nach alter Meinung, wo aber
    Selon l’ancienne opinion, mais où
Geheim noch manches entschieden
    En secret bien des choses encore décidément
Zu Menschen gelanget ; von da
    Atteignent les hommes ; de là
Vernahm ich ohne Vermuten
    Ai-je perçu sans m’en douter
Ein Schicksal, denn noch kaum
    Un destin, car encore à peine
War mir im warmen Schatten
    M’était, dans l’ombre chaude
Sich manches beredend, die Seele
    Discutant avec elle-même de bien des choses, l’âme
Italia zu geschweift
    Cambrée vers l’Italie
Und fernhin an die Küsten Moreas.
    Et partie au loin sur les côtes de Morée.
Jetzt aber, drin im Gebirg,                                           (2)
    Mais à présent, au-dedans du massif,
Tief unter den silbernen Gipfeln
    Tout au fond sous les cimes argentées
Und unter fröhlichem Grün,
    Et sous la joyeuse verdure,
Wo die Wälder schauernd zu ihm,
    Où les forêts frissonnant vers lui,
Und der Felsen Häupter übereinander
    Et les têtes des rocs les unes au-dessus des autres
Hinabschaun, taglang, dort
    Regardent en bas, à longueur de journée, là-bas
Im kältesten Abgrund hört
    Dans le plus froid abîme j’entendis
Ich um Erlösung jammern
    Gémissant après la délivrance
Den Jüngling, es hörten ihn, wie er tobt',
    L’adolescent, on l’entendait, comment il rageait,
Und die Mutter Erd anklagt',
    Et accusait la Terre Mère,
Und der Donnerer, der ihn gezeuget,
    Et ce Tonnant qui l’engendra,
Erbarmend die Eltern, doch
    Apitoyant les parents, cependant
Die Sterblichen flohn von dem Ort,
    Les mortels fuyaient ce lieu,
Denn furchtbar war, da lichtlos er
    Car horrible était-elle, quand privé de lumière il
In den Fesseln sich wälzte,
    Se roulait dans les entraves,
Das Rasen des Halbgotts.
    La fureur du demi-dieu.
Die Stimme wars des edelsten der Ströme,                       (3)
    La voix était-ce du plus noble des fleuves,
Des freigeborenen Rheins,
    Du Rhin librement-né,
Und anderes hoffte der, als droben von den Brüdern,
    Et autre chose espérait-il quand là-haut, des frères,
Dem Tessin und dem Rhodanus,
    Du Tessin et du Rhône,
Er schied und wandern wollt, und ungeduldig ihn
    Il se sépara et voulut émigrer, et impatiente
Nach Asia trieb die königliche Seele.
    Vers l’Asie le pressait l’âme royale.
Doch unverständig ist
    Pourtant est insensé
Das Wünschen vor dem Schicksal.
    Le souhait face au destin.
Die Blindesten aber
    Mais les plus aveugles
Sind Göttersöhne. Denn es kennet der Mensch
    Sont les fils des dieux. Car il connaît, l’homme,
Sein Haus und dem Tier ward, wo
    Sa maison, et pour la bête il y eut où
Es bauen solle, doch jenen ist
    Pouvoir la bâtir, pourtant à ceux-là est
Der Fehl, daß sie nicht wissen wohin
    Le manque, qu’ils ne sachent où aller,
In die unerfahrne Seele gegeben.
    Mis en l’âme inexperte.
Ein Rätsel ist Reinentsprungenes. Auch                   (4)
    Une énigme est le surgissant pur. Même
Der Gesang kaum darf es enthüllen. Denn
    Au chant est à peine permis de le dévoiler. Car
Wie du anfingst, wirst du bleiben,
    Tel que tu débutais vas-tu demeurer,
So viel auch wirket die Not,
    Si fortement qu’agisse la nécessité,
Und die Zucht, das meiste nämlich
    Et la discipline, le plus en effet
Vermag die Geburt,
    Influe la naissance,
Und der Lichtstrahl, der
    Et le rayon de lumière qui
Dem Neugebornen begegnet.
    Rencontre le nouveau-né.
Wo aber ist einer,
    Mais où en est-il un
Um frei zu bleiben
    Pour demeurer libre
Sein Leben lang, und des Herzens Wunsch
    Sa vie durant, et le souhait du cœur
Allein zu erfüllen, so
    À combler seul, ainsi
Aus günstigen Höhn, wie der Rhein,
    Des hauteurs propices, tel le Rhin,
Und so aus heiligem Schoße
    Et ainsi d’un giron sacré
Glücklich geboren, wie jener ?
    Heureusement né, tel celui-ci ?
Drum ist ein Jauchzen sein Wort.                           (5)
    C’est pourquoi est un cri de joie sa parole.
Nicht liebt er, wie andere Kinder,
    Il n’aime pas, tel d’autres enfants,
In Wickelbanden zu weinen ;
    Pleurer dans ses langes ;
Denn wo die Ufer zuerst
    Car, où les rives tout d’abord
An die Seit ihm schleichen, die krummen,
    Au côté lui glissent, les sournoises,
Und durstig umwindend ihn,
    Et assoiffées l’enlacent,
Den Unbedachten, zu ziehn
    L’imprudent, pour l’attirer
Und wohl zu behüten begehren
    Et certes pour désirer le garder
Im eigenen Zahne, lachend
    Sous leurs propres crocs, en riant
Zerreißt er die Schlangen und stürzt
    Déchire-t-il les serpents et se précipite
Mit der Beut und wenn in der Eil
    Avec la proie, et si en hâte
Ein Größerer ihn nicht zähmt,
    Un plus grand ne l’apprivoise pas,
Ihn wachsen läßt, wie der Blitz, muß er
    Le laisse croître, tel l’éclair doit-il
Die Erde spalten, und wie Bezauberte fliehn
    Fendre la terre, et telles qu’envoûtées s’enfuient
Die Wälder ihm nach und zusammensinkend die Berge.
    Les forêts à sa suite et s’effondrent les montagnes.
Ein Gott will aber sparen den Söhnen                           (6)
    Mais un dieu veut épargner aux fils
Das eilende Leben und lächelt,
    La vie hâtive, et sourit
Wenn unenthaltsam, aber gehemmt
    Quand, intempérants mais ralentis
Von heiligen Alpen, ihm
    Par les Alpes sacrées, contre lui
In der Tiefe, wie jener, zürnen die Ströme.
    Dans les profondeurs, tel celui-là, s’irritent les fleuves.
In solcher Esse wird dann
    Alors en un tel fourneau
Auch alles Lautre geschmiedet,
    Se forge aussi tout métal sans alliage,
Und schön ists, wie er drauf,
    Et c’est beau, comment ensuite,
Nachdem er die Berge verlassen,
    Après qu’il a délaissé les montagnes,
Stillwandelnd sich im deutschen Lande
    Cheminant calmement en pays allemand, il se
Begnüget und das Sehnen stillt
    Contente et calme la nostalgie
Im guten Geschäfte, wenn er das Land baut,
    Par de bonnes affaires, quand il bâtit le pays,
Der Vater Rhein, und liebe Kinder nährt
    Le Père, le Rhin, et nourrit de chers enfants
In Städten, die er gegründet.
    Dans les cités qu’il a fondées.
Doch nimmer, nimmer vergißt ers.                       (7)
    Pourtant jamais, jamais ne l’oublie-t-il.
Denn eher muß die Wohnung vergehn,
    Car doit plutôt s’effacer l’habitation,
Und die Satzung und zum Unbild werden
    Et le statut, et devenir informe
Der Tag der Menschen, ehe vergessen
    Le jour des hommes, plutôt que soit permis
Ein solcher dürfte den Ursprung
    À un tel d’oublier l’origine
Und die reine Stimme der Jugend.
    Et la voix pure de la jeunesse.
Wer was es, der zuerst
    Qui fut-il, le premier
Die Liebesbande verderbt
    À corrompre les liens de l’amour
Und Stricke von ihnen gemacht hat ?
    Et faire d’eux des cordages ?
Dann haben des eigenen Rechts
    Alors leur propre droit
Und gewiß des himmlischen Feuers
    Et bien sûr le feu céleste les ont
Gespottet die Trotzigen, dann erst
    Moqués les obstinés, dès l’abord
Die sterblichen Pfade verachtend
    Méprisant les voies mortelles ont-ils
Verwegnes erwählt
    Choisi la témérité
Und den Göttern gleich zu werden getrachtet.
    Et aspiré à devenir semblables aux dieux.
Es haben aber an eigner                                                (8)
    Mais ils ont, de leur propre
Unsterblichkeit die Götter genug, und bedürfen
    Immortalité, bien assez les dieux, et exigent-ils,
Die Himmlischen eines Dings,
    Les célestes, une seule chose,
So sinds Heroen und Menschen
    Ce que sont les héros et les hommes
Und Sterbliche sonst. Denn weil
    Et les mortels à l’ordinaire. Car, en effet
Die Seligsten nichts fühlen von selbst,
    Les bienheureux ne ressentant rien par eux-mêmes,
Muß wohl, wenn solches zu sagen
    Il faut bien, si dire une telle chose
Erlaubt ist, in der Götter Namen
    Est permis, qu’au nom des dieux
Teilnehmend fühlen ein Andrer,
    Compatissant ressente un autre,
Den brauchen sie ; jedoch ihr Gericht
    Ils ont besoin de lui ; toutefois leur justice
Ist, daß sein eigenes Haus
    Est que sa propre maison
Zerbreche der und das Liebste
    Il la renverse, et que les plus chers
Wie den Feind schelt und sich Vater und Kind
    Il les invective comme ennemis, et que père et enfants
Begrabe unter den Trümmern,
    S’ensevelissent sous les décombres,
Wenn einer, wie sie, sein will und nicht
    Si quelqu’un, comme eux, veut être et ne pas
Ungleiches dulden, der Schwärmer.
    Tolérer la dissemblance, l’exalté.
Drum wohl ihm, welcher fand                                   (9)
    C’est pourquoi lui est un bien, à celui qui trouva
Ein wohlbeschiedenes Schicksal,
    Un destin bien départi,
Wo noch der Wanderungen
    Où là encore, des migrations
Und süß der Leiden Erinnerung
    Et, suave, des souffrances, le souvenir
Aufrauscht am sichern Gestade,
    Retentit au sûr rivage,
Daß da und dorthin gern
    Qu’ici et là-bas il veuille bien
Er sehn mag bis an die Grenzen,
    Voir jusqu’aux frontières,
Die bei der Geburt ihm Gott
    Celles qu’à la naissance un dieu
Zum Aufenthalte gezeichnet.
    Lui a tracées pour le séjour.
Dann ruht er, seligbescheiden,
    Alors se repose-t-il, heureusement modeste,
Denn alles, was er gewollt,
    Car tout ce qu’il voulait,
Das Himmlische, von selber umfängt
    Le céleste, de lui-même l’embrasse
Es unbezwungen, lächlend
    Indompté, souriant
Jetzt, da er ruhet, den Kühnen.
    À présent, quand il se repose, à cet audacieux.
Halbgötter denk ich jetzt                                         (10)
    Les demi-dieux je pense à présent
Und kennen muß ich die Teuern,
    Et je dois connaître les bien-aimés,
Weil oft ihr Leben so
    Souvent en effet leur vie ainsi
Die sehnende Brust mir beweget.
    Me remue l’ardente poitrine.
Wem aber, wie, Rousseau, dir,
    À qui pourtant, comme, Rousseau, à toi,
Unüberwindlich die Seele,
    Invincible était l’âme,
Die starkausdauernde, ward,
    La fort-persévérante,
Und sicherer Sinn
    Et le sens assuré
Und süße Gabe zu hören,
    Et le suave don d’écouter,
Zu reden so, daß er aus heiliger Fülle
    De dire ainsi, que par plénitude sacrée
Wie der Weingott, törig göttlich
    Tel le dieu du vin, follement divine
Und gesetzlos sie, die Sprache der Reinesten, gibt
    Et sans statut, elle, la langue des plus purs, il la rende
Verständlich den Guten, aber mit Recht
    Intelligible aux bons, mais avec raison
Die Achtungslosen mit Blindheit schlägt,
    Frappe d’aveuglement les irrespectueux,
Die entweihenden Knechte, wie nenn ich den Fremden ?
    Les serviles profanateurs, comment nommerai-je cet étranger ?
Die Söhne der Erde sind, wie die Mutter,                    (11)
    Les fils de la Terre sont, tels la Mère,
Alliebend, so empfangen sie auch
    Aimant toutes choses, ainsi reçoivent-ils aussi
Mühlos, die Glücklichen, Alles.
    Sans effort, les heureux, toutes choses.
Drum überraschet es auch
    C’est pourquoi ça surprend aussi
Und schröckt den sterblichen Mann,
    Et terrifie l’homme mortel,
Wenn er den Himmel, den
    Quand au ciel, celui
Er mit den liebenden Armen
    Qu’avec des bras aimants
Sich auf die Schultern gehäuft,
    Il s’est amassé sur les épaules,
Und die Last der Freude bedenket ;
    Et au poids de la joie, il pense ;
Dann scheint ihm oft das Beste,
    Alors lui paraît souvent le meilleur,
Fast ganz vergessen da,
    Presque tout à fait oublié là,
Wo der Strahl nicht brennt,
    Où le rayon ne brûle pas,
Im Schatten des Walds
    D’être dans l’ombre de la forêt
Am Bielersee in frischer Grüne zu sein,
    Près du lac de Bienne, dans la fraîche verdure,
Und sorglosarm an Tönen,
    Et insouciant pauvre en chansons,
Anfängern gleich, bei Nachtigallen zu lernen.
    Pareil au débutant, d’apprendre auprès des rossignols.
Und herrlich ist, aus heiligem Schlafe dann                      (12)
    Et c’est magnifique, sortant du sommeil sacré, alors
Erstehen und, aus Waldes Kühle
    De se redresser et, sortant de la fraîcheur de la forêt
Erwachend, abends nun
    En s’éveillant, maintenant au soir
Dem milderen Licht entgegenzugehn,
    D’aller à la rencontre de la lumière plus douce,
Wenn, der die Berge gebaut
    Quand, lui qui bâtit les montagnes
Und den Pfad der Ströme gezeichnet,
    Et traça la voie aux fleuves,
Nachdem er lächend auch
    Après que souriant aussi
Der Menschen geschäftiges Leben,
    À la vie affairée des hommes,
Das othemarme, wie Segel
    L’essoufflée, telle une voile
Mit seinen Lüften gelenkt hat,
    Avec ses brises il l’a dirigée,
Auch ruht und zu der Schülerin jetzt,
    Lui aussi se repose, et vers l’écolière à présent,
Der Bildner, Gutes mehr
    Le formateur, trouvant plus de bien
Denn Böses findend,
    Que de mal,
Zur heutigen Erde der Tag sich neiget. —
    Vers la terre d’aujourd’hui le jour s’incline. —
Dann feiern das Brautfest Menschen und Götter,               (13)
    Alors fêtent-ils les noces, hommes et dieux,
Es feiern die Lebenden all,
    Ils fêtent, tous les vivants,
Und ausgeglichen
    Et en équilibre
Ist eine Weile das Schicksal.
    Est un moment le destin.
Und die Flüchtlinge suchen die Herberg,
    Et les fugitifs cherchent le refuge,
Und süßen Schlummer die Tapfern,
    Et doux sommeil les braves,
Die Liebenden aber
    Mais les amants
Sind, was sie waren, sie sind
    Sont ce qu’ils furent, ils sont
Zu Hause, wo die Blume sich freuet
    À la maison, où la fleur se réjouit
Unschädlicher Glut und die finsteren Bäume
    D’un inoffensif brasier et les sombres arbres,
Der Geist umsäuselt, aber die Unversöhnten
    L’esprit les entoure d’un murmure, mais les irréductibles
Sind umgewandelt und eilen
    Sont tout changés et se hâtent
Die Hände sich ehe zu reichen,
    Plutôt de se tendre la main,
Bevor das freundliche Licht
    Avant que l’amicale lumière
Hinuntergeht und die Nacht kommt.
    Ne tombe et que la nuit vienne.
Doch einigen eilt                                                      (14)
    Cependant pour les uns se hâte
Dies schnell vorüber, andere
    Cela, vite passé, d’autres
Behalten es länger.
    Le gardent plus longtemps.
Die ewigen Götter sind
    Les dieux éternels sont
Voll Lebens allzeit ; bis in den Tod
   Pleins de vie tout le temps ; mais jusque dans la mort
Kann aber ein Mensch auch
    Un homme peut aussi
Im Gedächtnis doch das Beste behalten,
    En mémoire garder cependant le meilleur,
Und dann erlebt er das Höchste.
    Et alors connaît-il le plus haut.
Nur hat ein jeder sein Maß.
    Chacun n’a que sa mesure.
Denn schwer ist zu tragen
    Car lourd à porter est
Das Unglück, aber schwerer das Glück.
    Le malheur, mais plus lourd le bonheur.
Ein Weiser aber vermocht es
    Mais un sage fut capable,
Vom Mittag bis in die Mitternacht,
    De midi jusqu’au milieu de la nuit,
Und bis der Morgen erglänzte,
    Et jusqu’à ce que le matin resplendît,
Beim Gastmahl helle zu bleiben.
    Au banquet de demeurer lucide.
Dir mag auf heißem Pfade unter Tannen oder                   (15)
    Pour toi peut-il, sur la voie brûlante sous les pins ou
Im Dunkel des Eichwalds gehüllt
    Dans l’obscurité de la forêt de chênes revêtu
In Stahl, mein Sinclair ! Gott erscheinen oder
    D’acier, mon Sinclair ! apparaître, Dieu, ou
In Wolken, du kennst ihn, da du kennest, jugendlich,
    Dans les nuées, tu le connais, là tu connaissais, juvénile,
Des Guten Kraft, und nimmer ist dir
    La force du bien, et jamais ne t’est
Verborgen das Lächeln des Herrschers
    Dérobé le sourire du souverain,
Bei Tage, wenn
    De jour quand
Es fieberhaft und angekettet das
    Fébrile et enchaîné
Lebendige scheinet oder auch
    Paraît le vivant, ou bien aussi
Bei Nacht, wenn alles gemischt
    De nuit quand il est tout emmêlé
Ist ordnungslos und wiederkehrt
    Sans ordre et que revient
Uralte Verwirrung.
    L’immémoriale confusion. 
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DER RHEIN                                 An Isaak von Sinclair
Im dunkeln Efeu saß ich, an der Pforte                  (1)
Des Waldes, eben, da der goldene Mittag,
Den Quell besuchend, herunterkam
Von Treppen des Alpengebirgs,
Das mir die göttlichgebaute,
Die Burg der Himmlischen heißt
Nach alter Meinung, wo aber
Geheim noch manches entschieden
Zu Menschen gelanget ; von da
Vernahm ich ohne Vermuten
Ein Schicksal, denn noch kaum
War mir im warmen Schatten
Sich manches beredend, die Seele
Italia zu geschweift
Und fernhin an die Küsten Moreas.

Jetzt aber, drin im Gebirg,                                           (2)
Tief unter den silbernen Gipfeln
Und unter fröhlichem Grün,
Wo die Wälder schauernd zu ihm,
Und der Felsen Häupter übereinander
Hinabschaun, taglang, dort
Im kältesten Abgrund hört
Ich um Erlösung jammern
Den Jüngling, es hörten ihn, wie er tobt',
Und die Mutter Erd anklagt',
Und der Donnerer, der ihn gezeuget,
Erbarmend die Eltern, doch
Die Sterblichen flohn von dem Ort,
Denn furchtbar war, da lichtlos er
In den Fesseln sich wälzte,
Das Rasen des Halbgotts.

Die Stimme wars des edelsten der Ströme,                       (3)
Des freigeborenen Rheins,
Und anderes hoffte der, als droben von den Brüdern,
Dem Tessin und dem Rhodanus,
Er schied und wandern wollt, und ungeduldig ihn
Nach Asia trieb die königliche Seele.
Doch unverständig ist
Das Wünschen vor dem Schicksal.
Die Blindesten aber
Sind Göttersöhne. Denn es kennet der Mensch
Sein Haus und dem Tier ward, wo
Es bauen solle, doch jenen ist
Der Fehl, daß sie nicht wissen wohin
In die unerfahrne Seele gegeben.

Ein Rätsel ist Reinentsprungenes. Auch                   (4)
Der Gesang kaum darf es enthüllen. Denn
Wie du anfingst, wirst du bleiben,
So viel auch wirket die Not,
Und die Zucht, das meiste nämlich
Vermag die Geburt,
Und der Lichtstrahl, der
Dem Neugebornen begegnet.
Wo aber ist einer,
Um frei zu bleiben
Sein Leben lang, und des Herzens Wunsch
Allein zu erfüllen, so
Aus günstigen Höhn, wie der Rhein,
Und so aus heiligem Schoße
Glücklich geboren, wie jener ?

Drum ist ein Jauchzen sein Wort.                           (5)
Nicht liebt er, wie andere Kinder,
In Wickelbanden zu weinen ;
Denn wo die Ufer zuerst
An die Seit ihm schleichen, die krummen,
Und durstig umwindend ihn,
Den Unbedachten, zu ziehn
Und wohl zu behüten begehren
Im eigenen Zahne, lachend
Zerreißt er die Schlangen und stürzt
Mit der Beut und wenn in der Eil
Ein Größerer ihn nicht zähmt,
Ihn wachsen läßt, wie der Blitz, muß er
Die Erde spalten, und wie Bezauberte fliehn
Die Wälder ihm nach und zusammensinkend die Berge.

Ein Gott will aber sparen den Söhnen                           (6)
Das eilende Leben und lächelt,
Wenn unenthaltsam, aber gehemmt
Von heiligen Alpen, ihm
In der Tiefe, wie jener, zürnen die Ströme.
In solcher Esse wird dann
Auch alles Lautre geschmiedet,
Und schön ists, wie er drauf,
Nachdem er die Berge verlassen,
Stillwandelnd sich im deutschen Lande
Begnüget und das Sehnen stillt
Im guten Geschäfte, wenn er das Land baut,
Der Vater Rhein, und liebe Kinder nährt
In Städten, die er gegründet.

Doch nimmer, nimmer vergißt ers.                       (7)
Denn eher muß die Wohnung vergehn,
Und die Satzung und zum Unbild werden
Der Tag der Menschen, ehe vergessen
Ein solcher dürfte den Ursprung
nd die reine Stimme der Jugend.
Wer was es, der zuerst
Die Liebesbande verderbt
Und Stricke von ihnen gemacht hat ?
Dann haben des eigenen Rechts
Und gewiß des himmlischen Feuers
Gespottet die Trotzigen, dann erst
Die sterblichen Pfade verachtend
Verwegnes erwählt
Und den Göttern gleich zu werden getrachtet.

Es haben aber an eigner                                                (8)
Unsterblichkeit die Götter genug, und bedürfen
Die Himmlischen eines Dings,
So sinds Heroen und Menschen
Und Sterbliche sonst. Denn weil
Die Seligsten nichts fühlen von selbst,
Muß wohl, wenn solches zu sagen
Erlaubt ist, in der Götter Namen
Teilnehmend fühlen ein Andrer,
Den brauchen sie ; jedoch ihr Gericht
Ist, daß sein eigenes Haus
Zerbreche der und das Liebste
Wie den Feind schelt und sich Vater und Kind
Begrabe unter den Trümmern,
Wenn einer, wie sie, sein will und nicht
Ungleiches dulden, der Schwärmer.

Drum wohl ihm, welcher fand                                   (9)
Ein wohlbeschiedenes Schicksal,
Wo noch der Wanderungen
Und süß der Leiden Erinnerung
Aufrauscht am sichern Gestade,
Daß da und dorthin gern
Er sehn mag bis an die Grenzen,
Die bei der Geburt ihm Gott
Zum Aufenthalte gezeichnet.
Dann ruht er, seligbescheiden,
Denn alles, was er gewollt,
Das Himmlische, von selber umfängt
Es unbezwungen, lächlend
Jetzt, da er ruhet, den Kühnen.

Halbgötter denk ich jetzt                                         (10)
Und kennen muß ich die Teuern,
Weil oft ihr Leben so
Die sehnende Brust mir beweget.
Wem aber, wie, Rousseau, dir,
Unüberwindlich die Seele,
Die starkausdauernde, ward,
Und sicherer Sinn
Und süße Gabe zu hören,
Zu reden so, daß er aus heiliger Fülle
Wie der Weingott, törig göttlich
Und gesetzlos sie, die Sprache der Reinesten, gibt
Verständlich den Guten, aber mit Recht
Die Achtungslosen mit Blindheit schlägt,
Die entweihenden Knechte, wie nenn ich den Fremden ?

Die Söhne der Erde sind, wie die Mutter,                    (11)
Alliebend, so empfangen sie auch
Mühlos, die Glücklichen, Alles.
Drum überraschet es auch
Und schröckt den sterblichen Mann,
Wenn er den Himmel, den
Er mit den liebenden Armen
Sich auf die Schultern gehäuft,
Und die Last der Freude bedenket ;
Dann scheint ihm oft das Beste,
Fast ganz vergessen da,
Wo der Strahl nicht brennt,
Im Schatten des Walds
Am Bielersee in frischer Grüne zu sein,
Und sorglosarm an Tönen,
Anfängern gleich, bei Nachtigallen zu lernen.

Und herrlich ist, aus heiligem Schlafe dann                      (12)
Erstehen und, aus Waldes Kühle
Erwachend, abends nun
Dem milderen Licht entgegenzugehn,
Wenn, der die Berge gebaut
Und den Pfad der Ströme gezeichnet,
Nachdem er lächend auch
Der Menschen geschäftiges Leben,
Das othemarme, wie Segel
Mit seinen Lüften gelenkt hat,
Auch ruht und zu der Schülerin jetzt,
Der Bildner, Gutes mehr
Denn Böses findend,
Zur heutigen Erde der Tag sich neiget. —

Dann feiern das Brautfest Menschen und Götter,               (13)
Es feiern die Lebenden all,
Und ausgeglichen
Ist eine Weile das Schicksal.
Und die Flüchtlinge suchen die Herberg,
Und süßen Schlummer die Tapfern,
Die Liebenden aber
Sind, was sie waren, sie sind
Zu Hause, wo die Blume sich freuet
Unschädlicher Glut und die finsteren Bäume
Der Geist umsäuselt, aber die Unversöhnten
Sind umgewandelt und eilen
Die Hände sich ehe zu reichen,
Bevor das freundliche Licht
Hinuntergeht und die Nacht kommt.

Doch einigen eilt                                                      (14)
Dies schnell vorüber, andere
Behalten es länger.
Die ewigen Götter sind
Voll Lebens allzeit ; bis in den Tod
Kann aber ein Mensch auch
Im Gedächtnis doch das Beste behalten,
Und dann erlebt er das Höchste.
Nur hat ein jeder sein Maß.
Denn schwer ist zu tragen
Das Unglück, aber schwerer das Glück.
Ein Weiser aber vermocht es
Vom Mittag bis in die Mitternacht,
Und bis der Morgen erglänzte,
Beim Gastmahl helle zu bleiben.


Dir mag auf heißem Pfade unter Tannen oder                   (15)
Im Dunkel des Eichwalds gehüllt
In Stahl, mein Sinclair ! Gott erscheinen oder
In Wolken, du kennst ihn, da du kennest, jugendlich,
Des Guten Kraft, und nimmer ist dir
Verborgen das Lächeln des Herrschers
Bei Tage, wenn
Es fieberhaft und angekettet das
Lebendige scheinet oder auch
Bei Nacht, wenn alles gemischt
Ist ordnungslos und wiederkehrt
Uralte Verwirrung.





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