lundi 18 juin 2018

HÖLDERLIN / STUTTGART


  
 Friedrich HÖLDERLIN / STUTTGART 

(traduction proposée par Patrick Guillot)

STUTTGART 
                                                                                        à Siegfried Schmid
I
De nouveau un bonheur est vécu. La dangereuse sécheresse guérit, 
     Et l’âcreté de la lumière ne roussit plus les fleurs. 
Ouverte de nouveau reste une salle à présent, et salubre est le jardin, 
     Et par la pluie rafraîchie murmure la vallée éclatante, 
Haute par la végétation, s’enflent les ruisseaux et toutes les ailes 
     Entravées se risquent de nouveau dans le royaume du chant. 
Plein d’êtres joyeux est l’air à présent, et la ville, et le bois est 
     Tout autour rempli par les paisibles enfants du ciel. 
Volontiers se retrouvent-ils, et s’égarent les uns les autres, 
     Insoucieux, et il semble que rien n’est en manque ou de trop. 
Car ainsi l’ordonne le cœur, et la grâce à respirer, 
     Elle, la prédestinée, un esprit divin leur offre. 
Mais les voyageurs sont aussi bien accompagnés, et ils ont 
     Assez de couronnes, et des chants, ils ont le thyrse sacré 
Tout orné de grappes et de pampres avec eux, et l’ombre 
     Des pins ; de village en village on crie de joie, de jour en jour, 
Et tels des chars attelés de fauves indomptés, ainsi tirent 
     Les monts par-devant et ainsi porte et se presse le sentier.
II
Mais penses-tu maintenant qu’ils ont inutilement ouvert 
     Les portes et rendu le chemin joyeux, les dieux ? 
Et que vainement furent offerts pour l’abondance du festin les biens, 
     Outre le vin, de même encore les grains et le miel et les fruits ? 
Offertes la lumière pourpre pour le chant festif et, fraîche et 
     Paisible pour un amical dialogue intime, la nuit ? 
Tiens-tu à plus sérieux, alors garde-le pour l’hiver, et veux-tu 
     Te fiancer, aie de la patience, les fiançailles sont heureuses en mai. 
À présent est une autre urgence, à présent viens et célèbre de l’automne 
     L’ancien rite, encore à présent fleurit la noblesse parmi nous. 
Une seule chose importe en ce jour, la patrie, et qu’à la flamme 
     Festive du sacrifice chacun jette son bien propre. 
C’est pourquoi nous couronne le dieu commun chuchotant autour des cheveux, 
     Et que la sensibilité propre, telle une perle l’a dissoute le vin. 
C’est cela que signifie la table, la vénérée, quand, telles des abeilles 
     En rond autour du chêne, nous nous asseyons et chantons autour d’elle, 
C’est cela le tintement des coupes, et pourquoi il force les âmes 
     Sauvages des adversaires à l’ensemble, le chœur.
III
Mais, de peur que, ainsi qu’à de trop subtils, ne nous échappe 
     Cette saison déclinante, je viens à sa rencontre à l’instant, 
Jusqu’aux frontières du pays, où pour moi le cher lieu de la naissance 
     Et l’île baignent dans les eaux bleues du fleuve. 
Sacré pour moi est ce lieu, sur ces deux rives, la roche aussi 
     Qui, avec le jardin et la maison, verte au-dessus de l’onde se soulève. 
Là nous rencontrons-nous ; ô bienveillante lumière ! où pour moi en premier 
     L’un de tes plus émouvants rayons me toucha. 
Là commença et commencera la vie d’amour, à neuf ; 
     Mais la tombe du père, je la vois, et je te pleure déjà ? 
Pleure et garde et retiens l’ami, et entends la parole qui 
     Un jour, par un art céleste, me sauva du mal d’amour. 
Un autre s’éveille ! je dois lui nommer les héros du pays, 
     Barberousse ! toi aussi, bienveillant Christophe, et toi, 
Conrad ! comme tu tombais, ainsi tombent les forts, le lierre 
     Verdissait sur la roche et le château se couvrait de pampre bachique, 
Pourtant le passé, comme l’à venir, est sacré aux chanteurs, 
     Et dans les jours de l’automne nous concilions-nous les ombres.
IV
Ainsi, songeant aux vigoureux, et par le destin le cœur exalté, 
     Inactifs nous-mêmes, et légers, mais cependant par l’Azur aussi 
Considérés et pieux, tels les Anciens, les divinement attirés, 
     Les joyeux poètes parcourant joyeusement le pays, nous montons. 
Grande est la croissance à l’entour. Là-bas, des plus extrêmes montagnes 
     Sont issus les jeunes gens en foule dévalant les collines. 
Des sources bruissent par là-bas, et cent ruisseaux affairés 
     Parviennent jour et nuit jusqu’en bas, et fertilisent le pays. 
Mais le Maître laboure le centre du pays, les sillons, 
     Les tire le fleuve Neckar, l’attire ici-bas, la bénédiction 
Et viennent avec lui les brises d’Italie, la mer envoie 
     Ses nuages, elle envoie de brillants soleils avec lui. 
C’est pourquoi va croître pour nous aussi, presque par-dessus tête, la vigoureuse 
     Abondance, car par ici furent-ils, ici dans la plaine, les biens, 
Plus copieusement dispensés aux bien-aimés, aux gens du pays, cependant nul 
     Dans les monts là-bas ne leur jalouse les jardins, les vignobles 
Ou bien l’herbe grasse et le blé, et les arbres écarlates 
     Qui, bordant le chemin, se dressent au-dessus des voyageurs.
V
Mais, tandis que nous contemplons, et que nous traverse la joie puissante, 
     Nous échappent le chemin et le jour, comme dans l’ivresse, au loin. 
Car, de pampres sacrés couronnée, surgit déjà la ville, 
     La glorieuse, là-bas s’illumine sa tête de prêtresse. 
Souveraine se dresse-t-elle et tendez-vous, les sarments et les sapins, 
     Haut vers le ciel jusqu’aux bienheureux nuages empourprés. 
Sois-nous favorable ! à l’hôte et au fils, ô princesse de notre pays ! 
     Heureuse Stuttgart, accueille amicalement l’étranger pour moi ! 
Car toujours as-tu apprécié le chant avec flûtes et lyres, 
     Comme je le crois, et le babil enfantin des romances, et des peines 
Le suave oubli dans l’esprit présent, 
     C’est pourquoi réjouis-tu aussi volontiers le cœur des chanteurs. 
Mais vous, vous aussi les grands, vous joyeux, qui de tout temps 
     Vivez et gouvernez, reconnus, ou bien aussi plus vigoureux 
Quand vous œuvrez et créez dans la nuit sacrée et seuls souverains 
     Et tout-puissants vers le ciel attirez un peuple prescient, 
Jusqu’à ce que les jeunes gens se souviennent des pères là-haut, 
     Emancipés et lucides se dressent devant vous les hommes prudents —
VI
Anges de la patrie ! ô vous, devant lesquels l’œil, 
     Aussi ferme soit-il, et le genou se dérobent, à cet homme esseulé, 
Au point qu’il doit se retenir aux amis et prier les fidèles 
     Qu’ils supportent avec lui tout cet heureux fardeau, 
Acceptez, ô bienveillants, la gratitude pour celui-ci et tous les autres 
     Que sont ma vie, mon bien parmi les mortels. 
Mais la nuit vient ! hâtons-nous pour célébrer la fête d’automne 
     Aujourd’hui encore ! le cœur est comblé, mais brève est la vie 
Et ce que ce jour céleste nous impose de dire, 
     Ce qui est à nommer, Schmid mon ami ! nous n’y suffirions pas à nous deux. 
Les excellents, je les conduis vers toi, et le feu de joie tout en haut 
     Jaillira et plus sacré devra parler le mot plus audacieux. 
Vois ! là, c’est pur ! et les dons amicaux des dieux, 
     Ceux que nous partageons, ils ne sont qu’entre les bien-aimés. 
Rien d’autre — ô venez ! ô faites que ce soit vrai ! car seul, oui, 
     Je le suis et personne ne m’ôtera du front ce rêve ? 
Venez et tendez-moi, vous bien-aimés, la main ! ce peut être assez, 
     Mais le plus grand plaisir, épargnons-le pour nos petits-enfants. 
  
_________________________
  
  
  STUTTGART 
                                            An Siegfried Schmid 
I
Wieder ein Glück ist erlebt. Die gefährliche Dürre geneset, (I) 
De nouveau un bonheur est vécu. La dangeureuse sécheresse guérit, 
     Und die Schärfe des Lichts senget die Blüte nicht mehr. 
     Et l’âcreté de la lumière ne roussit plus les fleurs. 
Offen steht jetzt wieder ein Saal, und gesund ist der Garten, 
Ouverte de nouveau reste une salle à présent, et salubre est le jardin, 
     Und von Regen erfrischt rauschet das glänzende Tal, 
     Et par la pluie rafraîchie murmure la vallée éclatante, 
Hoch von Gewächsen, es schwellen die Bäch und alle gebundnen 
Haute par la végétation, s’enflent les ruisseaux et toutes les ailes 
    Fittige wagen sich wieder ins Reich des Gesangs. 
     Entravées se risquent de nouveau dans le royaume du chant. 
Voll ist die Luft von Fröhlichen jetzt und die Stadt und der Hain ist 
Plein d’êtres joyeux est l’air à présent, et la ville, et le bois est 
     Rings von zufriedenen Kindern des Himmels erfüllt. 
     Tout autour rempli par les paisibles enfants du ciel. 
Gerne begegnen sie sich, und irren untereinander, 
Volontiers se retrouvent-ils, et s’égarent les uns les autres, 
    Sorgenlos, und es scheint keines zu wenig, zu viel. 
     Insoucieux, et il semble que rien n’est en manque ou de trop. 
Denn so ordnet das Herz es an, und zu atmen die Anmut,    (I) 
Car ainsi l’ordonne le cœur, et la grâce à respirer, 
     Sie, die geschickliche, schenkt ihnen ein göttlicher Geist. 
     Elle, la prédestinée,  un esprit divin leur offre. 
Aber die Wanderer auch sind wohlgeleitet und haben 
Mais les voyageurs sont aussi bien accompagnés, et ils ont 
      Kränze genug und Gesang, haben den heiligen Stab 
      Assez de couronnes, et des chants, ils ont le thyrse sacré 
Vollgeschmückt mit Trauben und Laub bei sich und der Fichte 
Tout orné de grappes et de pampres avec eux, et l’ombre 
     Schatten ; von Dorfe zu Dorf jauchzt es, von Tage zu Tag, 
     Des pins ; de village en village on crie de joie, de jour en jour, 
Und wie Wagen, bespannt mit freiem Wilde, so ziehn die    (I) 
Et tels des chars attelés de fauves indomptés, ainsi tirent 
     Berge voran und so träget und eilet der Pfad. 
     Les monts par-devant et ainsi porte et se presse le sentier.
II
Aber meinest du nun, es haben die Tore vergebens 
Mais penses-tu maintenant qu’ils ont inutilement ouvert 
     Aufgetan und den Weg freudig die Götter gemacht ? 
     Les portes et rendu le chemin joyeux, les dieux ? 
Und es schenken umsonst zu des Gastmahls Fülle die Guten 
Et que vainement furent offerts pour l’abondance du festin les biens, 
     Nebst dem Weine noch auch Beeren und Honig und Obst ? 
     Outre les vins, de même encore les grains et le miel et les fruits ? 
Schenken das purpurne Licht zu Festgesängen und kühl und 
Offertes la lumière pourpre pour le chant festif et, fraîche et 
     Ruhig zu tieferem Freundesgespräche die Nacht ? 
     Paisible pour un amical dialogue intime, la nuit ? 
Hält ein Ernsteres dich, so spars dem Winter und willst du 
Tiens-tu à plus sérieux, alors garde-le pour l’hiver, et veux-tu 
     Freien, habe Geduld, Freier beglücket der Mai. 
     Te fiancer, aie de la patience, les fiancailles sont heureuses en mai. 
Jetzt ist Anderes not, jetzt komm und feire des Herbstes 
À présent est une autre urgence, à présent viens et célèbre de l’automne 
     Alte Sitte, noch jetzt blühet die Edle mit uns. 
     L’ancien rite, encore à présent fleurit la noblesse parmi nous. 
Eins nur gilt für den Tag, das Vaterland, und des Opfers 
Une seule chose importe en ce jour, la patrie, et qu’à la flamme 
     Festlicher Flamme wirft jeder sein Eigenes zu. 
     Festive du sacrifice chacun jette son bien propre. 
Darum kränzt der gemeinsame Gott umsäuselnd das Haar uns, 
C’est pourquoi nous couronne le dieu commun chuchotant autour des cheveux, 
     Und den eigenen Sinn schmelzet, wie Perlen, der Wein.   (II) 
     Et que la sensibilité propre, telle une perle l’a dissoute le vin. 
Dies bedeutet der Tisch, der geehrte, wenn, wie die Bienen, 
C’est cela que signifie la table, la vénérée, quand, telles des abeilles 
     Rund um den Eichbaum, wir sitzen und singen um ihn, 
     En rond autour du chêne, nous nous asseyons et chantons autour d’elle, 
Dies der Pokale Klang, und darum zwinget die wilden 
C’est cela le tintement des coupes, et pourquoi il force les âmes 
     Seelen der streitenden Männer zusammen der Chor.       (II) 
     Sauvages des adversaires à l’ensemble, le chœur.
III
Aber damit uns nicht, gleich Allzuklugen, entfliehe 
Mais, de peur que, ainsi qu’à de trop subtils, ne nous échappe 
     Diese neigende Zeit, komm ich entgegen sogleich, 
     Cette saison déclinante, je viens à sa rencontre à l’instant, 
Bis an die Grenze des Lands, wo mir den lieben Geburtsort 
Jusqu’aux frontières du pays, où pour moi le cher lieu de la naissance 
     Und die Insel des Stroms blaues Gewässer umfließt. 
     Et l’île baignent dans les eaux bleues du fleuve. 
Heilig ist mir der Ort, an beiden Ufern, der Fels auch, 
Sacré pour moi est ce lieu, sur ces deux rives, la roche aussi 
     Der mit Garten und Haus grün aus den Wellen sich hebt.  (III) 
     Qui, avec le jardin et la maison, verte au-dessus de l’onde se soulève. 
Dort begegnen wir uns ; o gütiges Licht ! wo zuerst mich 
Là nous rencontrons-nous ; ô bienveillante lumière ! où pour moi en premier 
     Deiner gefühlteren Strahlen mich einer betraf. 
     L’un de tes plus émouvants rayons me toucha. 
Dort begann und beginnt das Liebe Leben von neuem ;     (III) 
Là commença et commencera la vie d’amour, à neuf ; 
     Aber des Vaters Grab seh ich und weine dir schon ? 
     Mais la tombe du père, je la vois, et je te pleure déja ? 
Wein und halt und habe den Freund und höre das Wort, das 
Pleure et garde et retiens l’ami, et entends la parole qui 
     Einst mir in himmlischer Kunst Leiden der Liebe geheilt.   (III) 
     Un jour, par un art céleste, me sauva du mal d’amour. 
Andres erwacht ! ich muß die Landesheroen ihm nennen, 
Un autre s’éveille ! je dois lui nommer les héros du pays, 
     Barbarossa ! dich auch, gütiger Christoph, und dich, 
     Barberousse ! toi aussi, bienveillant Christophe, et toi, 
Konradin ! wie du fielst, so fallen Starke, der Efeu 
Conrad ! comme tu tombais, ainsi tombent les forts, le lierre 
     Grünt am Fels und die Burg deckt das bacchantische Laub, 
     Verdissait sur la roche et le château se couvrait de pampre bachique, 
Doch Vergangenes ist, wie Künftiges, heilig den Sängern, 
Pourtant le passé, comme l’à venir, est sacré aux chanteurs, 
     Und die Tagen des Herbsts sühnen die Schatten wir uns. 
     Et dans les jours de l’automne nous concilions-nous les ombres.
IV
So der Gewaltgen gedenk und des herzerhebenden Schicksals, 
Ainsi, songeant aux vigoureux, et par le destin le cœur exalté, 
     Tatlos selber, und leicht, aber vom Aether doch auch 
     Inactifs nous-mêmes, et légers, mais cependant par l’Azur aussi 
Angeschauet und fromm, wie die Alten, die göttlicherzognen 
Considérés et pieux, tels les Anciens, les divinement attirés, 
     Freudigen Dichter ziehn freudig das Land wir hinauf. 
     Les joyeux poètes parcourant joyeusement le pays, nous montons. 
Groß ist das Werden umher. Dort von den äußersten Bergen 
Grande est la croissance à l’entour. Là-bas, des plus extrêmes montagnes 
     Stammen der Jünglinge viel, steigen die Hügel herab. 
     Sont issus les jeunes gens en foule dévalant les collines. 
Quellen rauschen von dort und hundert geschäftige Bäche,  (IV) 
Des sources bruissent par là-bas, et cent ruisseaux affairés 
     Kommen bei Tag und Nacht nieder und bauen das Land.    (IV)(IV) 
     Parviennent jour et nuit jusqu’en bas et fertilisent le pays. 
Aber der Meister pflügt die Mitte des Landes, die Furchen   (IV) 
Mais le Maître laboure le centre du pays, les sillons, 
     Ziehet der Neckarstrom, ziehet den Segen herab. 
     Les tire le fleuve Neckar, l'attire ici-bas, la bénédiction. 
Und es kommen mit ihm Italiens Lüfte, die See schickt 
Et viennent avec lui les brises d’Italie, la mer envoie 
     Ihre Wolken, sie schickt prächtige Sonnen mit ihm. 
     Ses nuages, elle envoie de brillants soleils avec lui. 
Darum wächset uns auch fast über das Haupt die gewaltge 
C’est pourquoi va croître pour nous aussi, presque par-dessus tête, la vigoureuse 
     Fülle, denn hieher ward, hier in die Ebne das Gut 
     Abondance, car par ici furent-ils, ici dans la plaine, les biens, 
Reicher den Lieben gebracht, den Landesleuten, doch neidet 
Plus copieusement dispensés aux bien-aimés, aux gens du pays, cependant nul 
     Keiner an Bergen dort ihnen die Gärten, den Wein 
     Dans les monts là-bas ne leur jalouse les jardins, les vignobles 
Oder das üppige Gras und das Korn und die glühenden Bäume, 
Ou bien l’herbe grasse et le blé, et les arbres écarlates 
     Die am Wege gereiht über den Wanderern stehn. 
     Qui, bordant le chemin, se dressent au-dessus des voyageurs.
V
Aber indes wir schaun und die mächtige Freude durchwandeln, 
Mais, tandis que nous contemplons, et que nous traverse la joie puissante, 
     Fliehet der Weg und der Tag uns, wie den Trunkenen, hin. 
     Nous échappent le chemin et le jour, comme dans l’ivresse, au loin. 
Denn mit heiligem Laub umkränzt erhebet die Stadt schon, 
Car, de pampres sacrés couronnée, surgit déja la ville, 
     Die gepriesene, dort leuchtend ihr priesterlich Haupt. 
    La glorieuse, là-bas s’illumine sa tête de prêtresse. 
Herrlich steht sie und hält den Rebenstab und die Tanne 
Souveraine se dresse-t-elle et tendez-vous, les sarments et les sapins, 
     Hoch in die seligen purpuren Wolken empor. 
     Haut vers le ciel jusqu'aux bienheureux nuages empourprés. 
Sei uns hold ! dem Gast und dem Sohn, o Fürstin der Heimat ! 
Sois-nous favorable ! à l’hôte et au fils, ô princesse de notre pays ! 
     Glückliches Stuttgart, nimm freundlich den Fremdling mir auf ! 
     Heureuse Stuttgart, accueille amicalement l’étranger pour moi ! 
Immer hast du Gesang mit Flöten und Saiten gebilligt, 
Car toujours as-tu apprécié le chant avec flûtes et lyres, 
     Wie ich glaub, und des Lieds kindlich Geschwätz und der Mühn 
     Comme je le crois, et le babil enfantin des romances, et des peines 
Süße Vergessenheit bei gegenwärtigem Geiste, 
Le suave oubli dans l’esprit présent, 
     Drum erfreuest du auch gerne den Sängern das Herz. 
     C’est pourquoi réjouis-tu aussi volontiers le cœur des chanteurs. 
Aber ihr, ihr Größeren auch, ihr Frohen, die allzeit 
Mais vous, vous aussi les grands, vous joyeux, qui de tout temps 
     Leben und walten, erkannt, oder gewaltiger auch, 
     Vivez et gouvernez, reconnus, ou bien aussi plus vigoureux, 
Wenn ihr wirket und schlafft in heiliger Nacht und allein herrscht 
Quand vous œuvrez et créez dans la nuit sacrée et seuls souverains 
     Und allmächtig empor ziehet ein ahnendes Volk, 
     Et tout-puissants vers le ciel attirez un peuple prescient, 
Bis die Jünglinge sich der Väter droben erinnern, 
Jusqu’à ce que les jeunes gens se souviennent des pères là-haut, 
     Münding und hell vor euch steht der besonnene Mensch — 
     Emancipés et lucides se dressent devant vous les hommes prudents —
VI
Engel des Vaterlands ! o ihr, vor denen das Auge,           (VI) 
Anges de la patrie ! ô vous, devant lesquels l’œil, 
     Seis auch stark, und das Knie bricht dem vereinzelten Mann, 
     Aussi ferme soit-il, et le genou se dérobent, à cet homme esseulé, 
Daß er halten sich muß an die Freund und bitten die Teuern, 
Au point qu’il doit se retenir aux amis et prier les fidèles 
     Daß sie tragen mit ihm all die beglückende Last, 
     Qu'ils supportent avec lui tout cet heureux fardeau, 
Habt, o Gütige, Dank für den und alle die Andern, 
Acceptez, ô bienveillants, la gratitude pour celui-ci et tous les autres 
     Die mein Leben, mein Gut unter den Sterblichen sind. 
     Que sont ma vie, mon bien parmi les mortels. 
Aber die Nacht kommt ! laß uns eilen, zu feiern das Herbstfest  (VI) 
Mais la nuit vient ! hâtons-nous pour célébrer la fête d’automne 
     Heut noch ! voll ist das Herz, aber das Leben ist kurz,   (VI) 
     Aujourd’hui encore !  le cœur est comblé, mais brève est la vie, 
Und was uns der himmlische Tag zu sagen geboten, 
Et ce que ce jour céleste nous impose de dire, 
     Das zu nennen, mein Schmid ! reichen wir beide nicht aus. 
     Ce qui est à nommer, Schmid mon ami ! nous n’y suffirions pas à nous deux. 
Treffliche bring ich dir uns das Freundenfeuer wird hoch auf 
Les excellents, je les conduis vers toi et le feu de joie tout en haut 
     Schlagen und heiliger soll sprechen das kühnere Wort. 
     Jaillira et plus sacré devra parler le mot plus audacieux. 
Siehe ! da ist es rein ! und des Gottes freundliche Gaben, 
Vois ! là, c’est pur ! et les dons amicaux des dieux, 
     Die wir teilen, sie sind zwischen den Liebenden nur. 
     Ceux que nous partageons, ils ne sont qu’entre les bien-aimés. 
Anderes nicht — o kommt ! o macht es war ! denn allein ja 
Rien d’autre — ô venez ! ô faites que ce soit vrai ! car seul, oui, 
     Bin ich und niemand nimmt mir von der Stirne den Traum ? 
     Je le suis et personne ne m’ôtera du front ce rêve ? 
Kommt und reicht, ihr Lieben, die Hand ! das möge genug sein, 
Venez et tendez-moi, vous bien-aimés, la main ! ce doit être assez, 
     Aber die größere Lust sparen dem Enkel wir auf. 
     Mais le plus grand plaisir, épargnons-le pour nos petits-enfants.
_________________________

  STUTTGART
                                                            An Siegfried Schmid
I
Wieder ein Glück ist erlebt. Die gefährliche Dürre geneset, 
     Und die Schärfe des Lichts senget die Blüte nicht mehr. 
Offen steht jetzt wieder ein Saal, und gesund ist der Garten, 
     Und von Regen erfrischt rauschet das glänzende Tal, 
Hoch von Gewächsen, es schwellen die Bäch und alle gebundnen 
     Fittige wagen sich wieder ins Reich des Gesangs. 
Voll ist die Luft von Fröhlichen jetzt und die Stadt und der Hain ist 
     Rings von zufriedenen Kindern des Himmels erfüllt. 
Gerne begegnen sie sich, und irren untereinander, 
     Sorgenlos, und es scheint keines zu wenig, zu viel. 
Denn so ordnet das Herz es an, und zu atmen die Anmut, 
     Sie, die geschickliche, schenkt ihnen ein göttlicher Geist. 
Aber die Wanderer auch sind wohlgeleitet und haben 
     Kränze genug und Gesang, haben den heiligen Stab 
Vollgeschmückt mit Trauben und Laub bei sich und der Fichte 
     Schatten ; von Dorfe zu Dorf jauchzt es, von Tage zu Tag, 
Und wie Wagen, bespannt mit freiem Wilde, so ziehn die 
     Berge voran und so träget und eilet der Pfad.
II
Aber meinest du nun, es haben die Tore vergebens 
     Aufgetan und den Weg freudig die Götter gemacht ? 
Und es schenken umsonst zu des Gastmahls Fülle die Guten 
     Nebst dem Weine noch auch Beeren und Honig und Obst ? 
Schenken das purpurne Licht zu Festgesängen und kühl und 
     Ruhig zu tieferem Freundesgespräche die Nacht ? 
Hält ein Ernsteres dich, so spars dem Winter und willst du 
     Freien, habe Geduld, Freier beglücket der Mai. 
Jetzt ist Anderes not, jetzt komm und feire des Herbstes 
     Alte Sitte, noch jetzt blühet die Edle mit uns. 
Eins nur gilt für den Tag, das Vaterland, und des Opfers 
     Festlicher Flamme wirft jeder sein Eigenes zu. 
Darum kränzt der gemeinsame Gott umsäuselnd das Haar uns, 
     Und den eigenen Sinn schmelzet, wie Perlen, der Wein. 
Dies bedeutet der Tisch, der geehrte, wenn, wie die Bienen, 
     Rund um den Eichbaum, wir sitzen und singen um ihn, 
Dies der Pokale Klang, und darum zwinget die wilden 
     Seelen der streitenden Männer zusammen der Chor.
III
Aber damit uns nicht, gleich Allzuklugen, entfliehe 
     Diese neigende Zeit, komm ich entgegen sogleich, 
Bis an die Grenze des Lands, wo mir den lieben Geburtsort 
     Und die Insel des Stroms blaues Gewässer umfließt. 
Heilig ist mir der Ort, an beiden Ufern, der Fels auch, 
     Der mit Garten und Haus grün aus den Wellen sich hebt. 
Dort begegnen wir uns ; o gütiges Licht! wo zuerst mich 
     Deiner gefühlteren Strahlen mich einer betraf. 
Dort begann und beginnt das Liebe Leben von neuem ; 
     Aber des Vaters Grab seh ich und weine dir schon ? 
Wein und halt und habe den Freund und höre das Wort, das 
     Einst mir in himmlischer Kunst Leiden der Liebe geheilt. 
Andres erwacht ! ich muß die Landesheroen ihm nennen, 
     Barbarossa! dich auch, gütiger Christoph, und dich, 
Konradin! wie du fielst, so fallen Starke, der Efeu 
     Grünt am Fels und die Burg deckt das bacchantische Laub, 
Doch Vergangenes ist, wie Künftiges, heilig den Sängern, 
     Und die Tagen des Herbsts sühnen die Schatten wir uns.
IV
So der Gewaltgen gedenk und des herzerhebenden Schicksals, 
     Tatlos selber, und leicht, aber vom Aether doch auch 
Angeschauet und fromm, wie die Alten, die göttlicherzognen 
     Freudigen Dichter ziehn freudig das Land wir hinauf. 
Groß ist das Werden umher. Dort von den äußersten Bergen 
     Stammen der Jünglinge viel, steigen die Hügel herab. 
Quellen rauschen von dort und hundert geschäftige Bäche, 
     Kommen bei Tag und Nacht nieder und bauen das Land. 
Aber der Meister pflügt die Mitte des Landes, die Furchen 
     Ziehet der Neckarstrom, ziehet den Segen herab. 
Und es kommen mit ihm Italiens Lüfte, die See schickt 
     Ihre Wolken, sie schickt prächtige Sonnen mit ihm. 
Darum wächset uns auch fast über das Haupt die gewaltge 
     Fülle, denn hieher ward, hier in die Ebne das Gut 
Reicher den Lieben gebracht, den Landesleuten, doch neidet 
     Keiner an Bergen dort ihnen die Gärten, den Wein 
Oder das üppige Gras und das Korn und die glühenden Bäume, 
     Die am Wege gereiht über den Wanderern stehn.
V
Aber indes wir schaun und die mächtige Freude durchwandeln, 
     Fliehet der Weg und der Tag uns, wie den Trunkenen, hin. 
Denn mit heiligem Laub umkränzt erhebet die Stadt schon, 
     Die gepriesene, dort leuchtend ihr priesterlich Haupt. 
Herrlich steht sie und hält den Rebenstab und die Tanne 
     Hoch in die seligen purpuren Wolken empor. 
Sei uns hold! dem Gast und dem Sohn, o Fürstin der Heimat! 
     Glückliches Stuttgart, nimm freundlich den Fremdling mir auf! 
Immer hast du Gesang mit Flöten und Saiten gebilligt, 
     Wie ich glaub, und des Lieds kindlich Geschwätz und der Mühn 
Süße Vergessenheit bei gegenwärtigem Geiste, 
     Drum erfreuest du auch gerne den Sängern das Herz. 
Aber ihr, ihr Größeren auch, ihr Frohen, die allzeit 
     Leben und walten, erkannt, oder gewaltiger auch, 
Wenn ihr wirket und schlafft in heiliger Nacht und allein herrscht 
     Und allmächtig empor ziehet ein ahnendes Volk, 
Bis die Jünglinge sich der Väter droben erinnern, 
     Münding und hell vor euch steht der besonnene Mensch —
VI
Engel des Vaterlands ! o ihr, vor denen das Auge, 
     Seis auch stark, und das Knie bricht dem vereinzelten Mann, 
Daß er halten sich muß an die Freund und bitten die Teuern, 
     Daß sie tragen mit ihm all die beglückende Last, 
Habt, o Gütige, Dank für den und alle die Andern, 
     Die mein Leben, mein Gut unter den Sterblichen sind. 
Aber die Nacht kommt ! laß uns eilen, zu feiern das Herbstfest 
     Heut noch! voll ist das Herz, aber das Leben ist kurz, 
Und was uns der himmlische Tag zu sagen geboten, 
     Das zu nennen, mein Schmid ! reichen wir beide nicht aus. 
Treffliche bring ich dir uns das Freundenfeuer wird hoch auf 
     Schlagen und heiliger soll sprechen das kühnere Wort. 
Siehe! da ist es rein! und des Gottes freundliche Gaben, 
     Die wir teilen, sie sind zwischen den Liebenden nur. 
Anderes nicht — o kommt ! o macht es war ! denn allein ja 
     Bin ich und niemand nimmt mir von der Stirne den Traum ? 
Kommt und reicht, ihr Lieben, die Hand! das möge genug sein, 
     Aber die größere Lust sparen dem Enkel wir auf.-

  
STUTTGART     I 
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I - v1 : Wieder ein Glück ist erlebt 
'l’Erlebnis' est l'expression effective et réelle 
erleben peut signifier "voir", mais dans le sens de 
"faire l’expérience de", "éprouver", "vivre" (vivre des jours de bonheur...). 
                                    De nouveau un bonheur est vécu. 
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I -  v11 : Denn so ordnet das Herz es an, und zu atmen die Anmut, 
Sie, die geschickliche, schenkt ihnen ein göttlicher Geist.
die Anmut ... schenkt ihnen ein göttlicher Geist 
Il faut bien comprendre : "un esprit divin leur offre la grâce à respirer". 
Peut prêter à confusion la construction "la grâce à respirer, ... leur offre un esprit divin.", qui décalque le parallélisme de l’inversion, schenkt ... ein Geist,... (cf.  ordnet das Herz : l’ordonne le cœur) 
                            Car ainsi l’ordonne le cœur, et la grâce à respirer, 
                                     Elle, la prédestinée, un esprit divin leur offre. 
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I - v17 : Und wiie Wagen, bespannt mit freiem Wilde,
cf. ein Wagen mit Pferden bespannen : "atteler des chevaux à une voiture". 
freiem Wilde est un neutre singulier, et, en principe, ne peut signifier "fauves indomptés", 
Wild (neutre) : signifie "gibier", "bête", (et  Wildheit : "sauvagerie") 
J’use à plusieurs reprises du mot "fauve" pour traduire Wild, sans évoquer là les seuls carnassiers. 
cf. wildlebend Tiere : "animaux vivant en liberté, non domestiqué, ... indompté"
Und wie Wagen, bespannt mit freiem Wilde, so ziehn die 
                                                    (cf. IV - v10 : die Furchen / Ziehet der Neckarstrom, ziehet den Segen herab
           Et tels des chars attelés de fauves indomptés, ainsi tirent


STUTTGART     II
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II  - v14 : Und deen eigenen Sinn schmelzet, wie Perlen, der Wein. 
Et que la sensibilité propre, telle une perle l’a dissoute le vin.
                                     Cf. in EMPEDOKLES : 
                                            So schmelzt’ im Weine Perlen der Übermut / Der Königin ; 
                                         Ainsi dissolvait dans le vin les perles l’effronterie / De la Reine ; 
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II  - v18 : der sttreitenden Männer 
La traduction par "ennemis" ne serait pas adéquate, 
cf. die streitenden Parteien : les parties adverses, 
et der streitenden Männer : les hommes en rivalité, en conflit, les rivaux, les combattants ?
les âmes / Sauvages des adversaires


STUTTGART     III
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III - v6 : Der mitt Garten und Haus grün aus den Wellen sich hebt.
cf. sich heben : (géol.) Erdboden "se soulever" 
C’est bien un "soulèvement " géologique qui est évoqué ici. 
aus : "hors de, sortir de ..." ? ... sortant de l’onde (hors de l’onde) se soulève (?) 
S’impose l’image de la roche qui, s’étant soulevée hors de l’onde, est maintenant "au-dessus", 
et, les obscures nécessités du rythme étant ce qu’elles sont : 
            la roche aussi / Qui, avec le jardin et la maison, verte au-dessus de l’onde se soulève.
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III - v9 : Dort beegann und beginnt das Liebe Leben von neuem ;
l'allitération Liebe Leben ne peut avoir d'équivalent dans la traduction. 
Liebe Leben peut-il signifier "une vie dans l’amour, passée à aimer", une vie d’amour ? 
    Alors  :               Là commença et commencera la vie d’amour, à neuf ; 
cf. la distinction entre von neuem ("à nouveau" : à neuf) et wieder ("de nouveau" : une nouvelle fois). 
cf. l’écho (vers 12) avec Leiden der Liebe.
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III - v12 : das Woort, das / Einst mir in himmlischer Kunst Leiden der Liebe geheilt. 
Kunst : par un céleste artifice peut-il être tenté ? mais "artifice" est presque toujours péjoratif. 
(l’allemand donne Kunstgriff pour dire plus particulièrement "l’artifice", mot que Hölderlin n’utilise pas.) 
Leiden der Liebe : "l'amertume de l'amour" m'a été proposé... 
Mais Leiden ne dit-il pas, tout de même, plus que l’amertume, la souffrance ? 
et quelque chose de rythmé ne vient-il pas avec : 
Einst mir in himmlischer Kunst Leiden der Liebe geheilt. 
Un jour, par un art céleste, me sauva des souffrances de l’amour.
Mais l’écho entre das Liebe Leben (vers 9) et  Leiden der Liebe  peut être repris avec 
la vie d’amour et du mal d’amour 
                            la parole qui, / Un jour, par un art céleste, me sauva du mal d’amour.
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III - v13 : Andress erwacht! 
que représente le neutre Andres ? un autre amour ? 
        Ne pas clarifier à toute force ce qui est obscur (et de ne pas obscurcir ce qui est clair...).
erwachten ne peut-il signifier ici plus particulièrement "se réveiller" ?



STUTTGART     IV
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IV - v7 : Dort voon den äußersten Bergen...
             [Dort / von den] Là-bas, des monts les plus extrêmes...
            Quellen rauschen von dort ...
         Des sources bruissent par là-bas [von dort] ...
von dort : c'est "de là-bas vient le bruissement des sources", mais je veux éviter à cet endroit la répétition de "venir", 
(cent ruisseaux affairés / Parviennent...) 
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IV - v8 : Kommen bei Tag und Nacht nieder...
cf. : Kommen ... nieder : "dévalent" 
Mais déja, au vers précédent, "dévaler (les collines)" traduit steigen (die Hügel) herab, 
où cela me semble convenir, pour une certaine force de l’image, 
kommen nieder pourrait sans doute être simplement traduit par "descendre" (venir en bas, c’est tout bonnement descendre...). 
Mais ici, c'est le choix de décalquer la forme originale : 
                    Kommen / bei Tag und Nacht / nieder 
                  Parviennent / jour et nuit / jusqu’en bas 
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IV - v8 :... und hundert geschäftige Bäche, / ... bauen das Land.
Bauen : très difficile à traduire... cf. : le double sens : "bâtir", "cultiver". 
"Fertiliser (un sol)", n’est-ce pas, au-delà de l’acte technique, en quelque sorte "bâtir" ce sol, 
le tirer hors du chaos de la friche ou du terrain 'vague' ? 
                          et cent ruisseaux affairés / ...  fertilisent le pays.
cf. LE RHIN strophe VI, v.8 et suivants : 
                                     Und schön ists, wie er drauf, (...), wenn er das Land baut, / Der Vater Rhein, 
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IV - v9 : Aber deer Meister pflügt die Mitte des Landes, die Furchen 
 Ziehet der Neckarstrom, ziehet den Segen herab.
pflügen : "labourer", "sillonner, tracer des sillons dans..." 
Furchen : "sillon"  Furchen ziehen : "tracer des sillons..."
on propose ici "tirer un sillon" (comme on dit "tirer un trait") pour la réplique "tirer / attirer" 
                                                                            ziehet der Neckarstrom, ziehet den Segen herab
Mais le Maître, en labourant le centre du pays, (le fleuve Neckar en tirant ce sillon), attire la bénédiction ici-bas
Mais le Maître, creusant le centre du pays, le sillon 
  Que tire le fleuve Neckar, attire la bénédiction ici-bas.
      Mais le Maître laboure le centre du pays, les sillons
             Les tire le fleuve Neckar, l’attire ici-bas, la bénédiction.



 STUTTGART     VI
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VI - v2 :... vor denen das Auge, ... und das Knie bricht dem vereinzelten Mann,
brechen (bricht) : intransitif  "se rompre, se briser, se casser" 
cf. au figuré sein Auge bricht : "il s'éteint" (il expire) 
La difficulté tient à la liaison entre ce verbe unique et les deux sujets : 
das Auge, ... und das Knie ... (dem vereinzelten Mann) 
l'oeil, ... et le genou ... (de l’homme esseulé) 
Cette difficulté peut-elle être tournée en faisant de l’homme esseulé un sujet, unique ? : 
... devant lesquels baisse les yeux, aussi fort soit-il, et se rompt le genou l’homme esseulé, 
ou en dédoublant le verbe ? : 
devant lesquels l'oeil ... s'éteint et se rompt le genou de l’homme esseulé 
ou ? : 
devant lesquels le regard ... va plier et se rompre le genou de l’homme esseulé 
ou en proposant le verbe unique qui peut sembler adéquat, "se dérober", 
afin de tout à fait respecter la configuration rythmique de l'original ? : 
          devant lesquels l’oeil /... et le genou se dérobent, de l’homme esseulé 
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VI -  v7 : llaß uns eilen, zu feiern das Herbstfest 
laß uns eilen : "hâtons-nous", conformément à l'usage idiomatique de lassen. 
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VI -  v8 :.... voll ist des Herz, aber das Leben ist kurz, 
pastiche de l'expression "Ars est longa, sed vita brevis" ? 
Pour conserver l’allure 'verbe / sujet _ sujet / verbe' que Hölderlin donne à la sentence, on peut penser à : 
"comblé est le cœur, mais la vie est brève " 
mais préférer, pour l'euphonie : 
            le cœur est comblé, mais brève est la vie,


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