Oh !... Oh, ces corps…
Sphériques …
Ces corps… tout ronds… Tout
ronds !
Sphères, célestes, accouplées…
et profondes !
et qui font la ronde !
…
Sont-ils pesants, ces corps ?
Non… pas tant pesants… mais…
énormes !
… mais légers…
et fertiles !
… ou, plutôt …
aériens ?
Oui, prêts à s’envoler…
pour échapper à la pesanteur, justement !
Prêts à s’envoler …
Bien plantés en terre, …
… c’est l’arbre …
bien enracinés ! - tout à la fois, c’est l’arbre, et l’oiseau.
… et prêts pour toutes les danses…
… possibles et impossibles, passées,
présentes et à venir…
sauts et rebonds, contorsions gracieuses,
tournoiements du Grand Popotin Sacré…
…
Fascinatoire…
Et galipettes guillerettes, rond de jambes et
grand écart…
Et la peau, de ces énormes corps, qu’en
dites-vous ?
Toutes ces scarifications…
… ou tatouages … ces échafaudages de cicatrices
chromatiques ? des ornements ?
Non, pas forcément !
Éruptions d’un magma toujours en gestation…
à la surface, toute parcourue…
… de vagues…
Des courants rassemblés, jusqu’à
former…
Comme
un autre corps…
Un double ?
Oui, comme une âme – mais… qui serait visible…
et divisible !
…
Est-ce que ça ne dessine pas, parfois, comme
une cible ?
Oui, peut-être, ou bien comme ces vagues, concentriques, provoquées
par le jet d’une pierre, ou d’une graine, à la surface de l’eau ?
Efflorescence d’ondes… Lianes mélodieuses…
Fruits mûrs
surgissant succulents des rondeurs
solaires…
Et ça passe, et ça pousse, de partout.
Dans l’évidence …
Partout…
colorée et lumineuse,
dans l’embrassement aérien des volumes…
…
Mais aussi - par des chemins
mystérieux ?
Comme des champs de force…
Passant invisibles ?
Mais puissants, sous terre, sous nos pieds…
Forces humides, vibratoires, et qui nous
emportent
dans les secousses et les tremblements…
ou bien sur un nuage ?
Peut-être… Mais… ça vient de loin.
Des lointains du temps.
Depuis le temps pré-humain, d’où l’humain
entrevoyait le jour, peut-être ?
Ça vient du bord de la béance, originelle,
de l’obscurité, pénétrable,
de la caverne – vulvaire.
*
La jouissance est visible, quand elle tire à
la carabine…
De pouvoir ainsi s’extirper
de la colère – de la haine ?
… Ensevelir ces effigies plâtreuses d’entités maléfiques, enfin,
– ce n’est peut-être pas un bonheur, mais au
moins…
un soulagement, oui,
enfin,
oui, une jouissance…
les voir dégoulinant de tout ce sang
arc-en-ciel…
*
D’abord, les
représentations de paysages nocturnes
dans les seules deux dimensions, du « tableau »…
Et
puis, à la fin, le Jardin.
La
traversée du miroir, la répudiation de toutes les figures comptables…
Mais ici,
pour « traverser le miroir », il fallait d’abord le briser !
Une
fois en miettes, c’est un miroitement infini, le reflet insaisissable à jamais.
il fallait d’abord le
briser …
… à jamais.
Et
puis, à la fin, le Jardin, avec tous ses chemins
sinuant
comme des entrailles
déployées
sous le bleu du ciel ouvert…
La création d’un
« vrai » paysage, réel.
ouvert…
réel…
et
enfanté par le Rêve, et destiné à nous y replonger…
le
rêve …
Le rêve : un jardin
tout entier compris comme une seule et même sculpture…
mais comme dépliée…
…
dans toutes les dimensions du labyrinthe de l’espace-temps…
comme dépliée…
l’espace et le temps, tels qu’ils se
multiplient l’un par l’autre,
le
rêve …
…
mutuellement.
(un
jardin…)
LE
RÊVE DE DIANE
Apollon se
repose,
allongé sous l’horizon
Alors,
se relève Diane
se réveille son rêve
démoniaque,
merveilleux
_________________________________
texte du film "NANAS DE NIKI"
de Patrick Guillot, avec la collaboration de Pierre Marchand
de Patrick Guillot, avec la collaboration de Pierre Marchand
à propos de l'exposition NIKI DE SAINT- PHALLE
(Grand Palais - 17 septembre 2014 / 2 février 2015)
en deux parties visibles aux adresses suivantes :
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