…
Paul Cézanne est là, où la montagne le
regarde.
La montagne, ça le
regarde. Et ça le regarde, comment peindre ça : la façon dont elle le
regarde. Et pour peindre ça, la façon dont la montagne le regarde, il cherche
là d’où il peut la voir.
Enfin, il y demeure.
Il demeure là assez
longtemps.
Ce n’est pas que cela
doive toujours durer un temps long, mais que ce soit assez.
C’est-à-dire : le
temps qu’il faut.
(Paul Cézanne n’est pas
fou.
Que lui, Paul Cézanne,
la Sainte-Victoire ne le voit pas, il le sait bien.
Il se dit juste – car
il pense juste, et parle de même – qu’elle le regarde.)
S’il est bien là où
elle le regarde, et qu’il n’est que
là, et assez longtemps, alors, doit venir le moment où il va la voir, cette
montagne.
C’est-à-dire : le
moment où il va pouvoir le peindre.
(Le peindre, ça :
qu’il la voit.)
Peindre,
c’est-à-dire : poser le ton juste, juste là où il doit être posé.
Ainsi, devant cette
peinture ainsi composée par Paul Cézanne, d’autres pourront y voir,
c’est-à-dire se trouver là où ça les regarde, de même. Là où la montagne
les regarde.