Pages

vendredi 10 avril 2015

NANAS DE NIKI

Oh !... Oh, ces corps…
Sphériques …
Ces corps… tout ronds…  Tout ronds !
Sphères, célestes, accouplées…
et profondes !
et qui font la ronde !


Sont-ils pesants, ces corps ?
Non… pas tant pesants… mais…
énormes !
… mais légers…
et fertiles !
… ou, plutôt …
aériens ?
Oui, prêts à s’envoler…
pour échapper à la pesanteur, justement !

Prêts à s’envoler …
Bien plantés en terre, …       
… c’est l’arbre …
bien enracinés !  - tout à la fois, c’est l’arbre, et l’oiseau.
…  et prêts pour toutes les danses…
… possibles et impossibles, passées, présentes et à venir…
sauts et rebonds, contorsions gracieuses,
tournoiements du Grand Popotin Sacré…
Fascinatoire…
Et galipettes guillerettes, rond de jambes et grand écart…






*

Et la peau, de ces énormes corps, qu’en dites-vous ?
Toutes ces scarifications…
… ou tatouages …  ces échafaudages de cicatrices chromatiques ? des ornements ?
Non, pas forcément !

Éruptions d’un magma toujours en gestation…
à la surface, toute parcourue…
… de vagues…    
Des courants rassemblés,    jusqu’à former…
Comme  un autre corps…
Un double ?
Oui, comme une âme – mais… qui serait visible…
et divisible !

Est-ce que ça ne dessine pas, parfois, comme une cible ?
Oui, peut-être, ou bien comme ces vagues, concentriques, provoquées
par le jet d’une pierre, ou d’une graine, à la surface de l’eau ?
Efflorescence d’ondes… Lianes mélodieuses… Fruits mûrs
surgissant succulents des rondeurs solaires… 





Et ça passe, et ça pousse, de partout.  
Dans l’évidence …       
Partout…
colorée et lumineuse,
dans l’embrassement aérien des volumes…
Mais aussi - par des chemins mystérieux ?
Comme des champs de force…
Passant invisibles ?
Mais puissants, sous terre, sous nos pieds…
Forces humides, vibratoires, et qui nous emportent
dans les secousses et les tremblements…
ou bien sur un nuage ?    
Peut-être… Mais… ça vient de loin.
Des lointains du temps.
Depuis le temps pré-humain, d’où l’humain entrevoyait le jour, peut-être ?

Ça vient du bord de la béance, originelle,
de l’obscurité, pénétrable,
de la caverne – vulvaire.


*

La jouissance est visible, quand elle tire à la carabine…
De pouvoir ainsi s’extirper
de la colère – de la haine ? 
… Ensevelir ces effigies plâtreuses d’entités maléfiques, enfin,
– ce n’est peut-être pas un bonheur, mais au moins…
un soulagement, oui,
enfin,
oui, une jouissance…
les voir dégoulinant de tout ce sang arc-en-ciel…

*

D’abord, les représentations de paysages nocturnes
        dans les seules deux dimensions, du « tableau »…
Et puis, à la fin, le Jardin.



La traversée du miroir, la répudiation de toutes les figures comptables…
Mais ici, pour « traverser le miroir », il fallait d’abord le briser !
Une fois en miettes, c’est un miroitement infini, le reflet insaisissable à jamais.
il fallait d’abord le briser …
  … à jamais.
Et puis, à la fin, le Jardin, avec tous ses chemins
sinuant comme des entrailles
déployées sous le bleu du ciel ouvert…
La création d’un « vrai » paysage, réel.
ouvert…
     réel…
et enfanté par le Rêve, et destiné à nous y replonger…
le rêve …
Le rêve : un jardin tout entier compris comme une seule et même sculpture…
mais comme dépliée…
… dans toutes les dimensions du labyrinthe de l’espace-temps…
comme dépliée…
    l’espace et le temps, tels qu’ils se multiplient l’un par l’autre,
le rêve …
… mutuellement.

(un jardin…)




LE RÊVE DE DIANE

Apollon se repose,
           allongé sous l’horizon

Alors,
   se relève Diane

   se réveille son rêve

                                  démoniaque, merveilleux
_________________________________

texte du film  "NANAS DE NIKI" 
de Patrick Guillot, avec la collaboration de Pierre Marchand

à propos de l'exposition NIKI DE SAINT- PHALLE
(Grand Palais - 17 septembre 2014 / 2  février 2015)

en deux parties visibles aux adresses suivantes : 







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire