DU CÔTÉ DU SOLEIL (mardi 31 mars 2009)
Je marche du côté du soleil. Puisqu’il faut
que je marche.
Rien ni personne, ici, pour me conduire d’un
côté ou de l’autre : personne pour m’inviter au soleil, non plus que pour
me refuser l’ombre, si jamais me prenait l’envie d’y marcher, à l’ombre.
Alors, pour tout ce moment qu’il me reste à
passer, vacant, entre le moment du labeur contraint, passé, et celui du plaisir
attendu, je m’éloigne du Théâtre de la Ville… Vers le Marché aux Fleurs, j’ai
choisi de marcher. Et, quand on peut marcher, autant que ce soit du côté du
soleil.
Et je suis revenu un peu avant l’heure,
toujours marchant du côté du soleil.
…
Devant la terrasse du Mistral, tournant le
dos au soleil qui décline, debout, une femme – les larmes au bord des yeux,
luttant pour contenir des spasmes qui viennent par à-coup déformer son visage
et plier son corps, face à un homme qui, sans manifester aucune émotion, lui
tend calmement un mouchoir de papier.
Je vois que maintenant la femme se tient
droite, et qu’elle regarde l’homme, et que l’homme regarde ailleurs.
Mais, je crois que le regard de la femme maintenant
se porte au loin, ayant traversé l’homme enfin vidé de sa substance – l’homme,
qui fait comme s’il regardait ailleurs, parce que son regard, maintenant, ne peut
plus se poser sur rien.
Adossée au soleil couchant, la femme se
tient immobile dans l’axe scintillant du fleuve, mais il me semble qu’elle est
déjà recouverte par l’ombre. La nuit, déjà.
Moi, j’ai marché du côté du soleil, tant que
je pouvais marcher.
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La photographie qui
accompagne ce texte est de Nicolas Hermann,
avec son aimable
autorisation.
Cette image n’est en
rien une l’illustration du texte.
J’ai seulement éprouvé que texte et image
étaient ici dans un « rapport souterrain ».
étaient ici dans un « rapport souterrain ».
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