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Cher Nicolas,
J’ai éprouvé ce sentiment, à chaque fois
déjà que j’ai vu de vos photos affichées comme elles peuvent l'être sur l’écran
d’un ordinateur (présentées simultanément en regard l’une des autres)… le
sentiment qu’elles "valent" non seulement chacune pour elle-même,
comme il se doit, mais aussi par les liens que chacune tisse avec toutes les
autres, par le réseau qu’elles toutes, prises ensemble, tissent entre elles.
Chacune, en donnant ainsi quelque chose
aux autres, et recevant quelque chose des autres, s'éclaire singulièrement – même
si ce « quelque chose » demeure, sinon tout à fait énigmatique, du
moins assez voilé.
Oui, c'est assez mystérieux, souvent, la
façon dont ça opère, ce tissage.
Pourtant chacune des images ainsi
s’éclaire comme peut-être elle ne pourrait pas le faire si elle était
considérée seule ? En tout cas, cet éclairage ne serait pas alors aussi…
total ?
(Je dis « clair », et pense
« intelligible » ; mais comme il s’agirait cependant de
l’intelligence d’une forme sensible, évoquer la « clarté » convient,
je crois.)
… sans doute parce que série il
y a, de façon évidente, ici – elle provoque ce
sentiment de façon particulièrement intense…
C'est comme si on percevait qu'un même
courant (électrique ?), ou un même flux (sanguin ?), les parcourait tous, ces
quinze clichés.
Cette intuition d'un ensemble, d'un tout
unifié, à considérer ses différents éléments, aussi disparates soient-ils à
"première vue", on peut l'avoir devant toute œuvre d'importance. En
fait, on ne peut l'avoir que là, devant une œuvre qui importe
!
*
Il est aussi remarquable que vos images
ne soient jamais légendées.
(C’est pourquoi – délibérément – ce n’est aucun des clichés de la suite en question qui illustre cette page.)
(C’est pourquoi – délibérément – ce n’est aucun des clichés de la suite en question qui illustre cette page.)
Sans légende, mais en rien
« abstraites » !
Au contraire, on y retrouve toute
l’épaisseur de l’existence humaine.
Transfigurée, oui, (et littéralement,
comme seuls le permettent les artifices de la photographie), mais cependant,
cette humanité (et des humains, et de leurs paysages propres), elle y est comme
directement touchée : on la sent, et on la goûte, comme avec sa peau.
Des titres pour ces images ? Non. Je
crois que ce serait… comme de se mettre des bouchons dans les oreilles pour
écouter de la musique !
Et ces images signifient assez par
elles-mêmes, telles qu'elles sont, à vue, que, si "histoire" il y a,
elles suffiront pour la raconter, sans qu'il soit besoin d'y rajouter des mots.
Bien sûr, cela vaut pleinement de votre
côté, pour vous qui donner à voir. Mais, bien sûr, il ne peut pas tout à fait en
être de même du côté de celui qui regarde ! Celui-ci, qui regarde vos
photos, quand il les voit – il est pris par l'émotion, et même plusieurs
émotions, fortes... Alors, lui, il faut bien qu'il en parle...
Mais, enfin, il faut qu’il se taise.
Bien cordialement,
Patrick
Ps : Je laisse découvrir
cette série comme elle se présente dans son entier, à l’adresse http://nicolashermann.com/
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