‘GHOST CITY’
collectif CK2G : Bruno Clochard / Kitusai / Guska / Patrick Guillot
https://youtu.be/Dsnw_ZBzsm8
Ici est proposé, en une correspondance que nous espérons poétiquement
exacte avec la contemplation des tableaux, un spectacle audio-visuel – ou, plus
précisément, « musicalo-graphique » ?
Cette forme de spectacle est le fruit des rencontres croisées de quatre
artistes : le photographe-plasticien Bruno Clochard, les musiciens Kitusai
et Guska, et, comme vidéaste, Patrick Guillot.
‘GHOST
CITY’ :
UN QUADRILOGUE
Bruno Clochard : En tant qu’artiste,
le pourquoi du comment de la création de cette série des 9 « Ghost
City », c’est, en « toile de fond », l’apparition de la Covid19,
avec ces masques, le confinement, les villes qui, petit à petit, se vident, ces
milliers de morts bien réels, et la numérisation de notre humanité à marche
forcée, dans tous les domaines : le paiement sans contact, le télétravail,
les documents administratif, et plus personne dans les bars ni les restaurants,
plus personne au théâtre, au concert, ni dans les expositions… Des villes
fantômes !
L’autre origine de cette
création, elle se situe dans la vallée du Rhône. C’est là ou je demeure. Cette
vallée qu’on appelle, tristement, la
Vallée de la Chimie & Nucléé ! Vallée toute aussi meurtrière de par ses
atomes qui un jour exploseront, car les leçons du passé, depuis les bombardements atomiques d'Hiroshima et de
Nagasaki en août 1945, non jamais été écoutées. Des millions de morts en
un claquement de doigts… des souffrances inutiles…
Patrick Guillot : Et bien, voilà
posé ce que j’appelle un projet poétique…
Bruno :
Donc, les
tableaux de cette série « Ghost City » proviennent de photographies
numériques réalisées en itinérances dans la vallée du Rhône et sur les
hauteurs de Condrieu. Les prises de vue ont été faites entre 2015 et 2017 au
téléphone Sony Ericsson W995, avec ses effets intégrés hypnotiques, et un travail de « peinture
numérique » sur ordinateur.
Je suis
avant tout un créateur d’images, chasseur-catalyseur d’empreintes éphémères.
J’observe, transforme le sens caché du réel pour le guider vers une autre
dimension. Mes images sont des compositions photographiques hybrides altérées
par le temps et le geste pour aboutir à une représentation abstraite ou de
figuralisme surréaliste. Enfin, elles sont contemporaines par les supports
d’impressions que j’utilise pour redonner vie à la dématérialisation numérique
de ces matières photographiques.
Patrick
:
Lorsque j’ai reçu les images de Bruno, je me suis, par principe, immédiatement
imposé certaines limites dans le « traitement » que j'allais en faire
: refus de toute altération chromatique et distorsion des contours, au bénéfice
du seul usage des recadrages, fixes ou mobiles, et des jeux d'incrustation et
de transparence entre les différents plans ainsi obtenus...
Je
me suis situé, dans l’espace, du
début à la fin de ce travail, devant les tableaux de Bruno tels qu’ils sont, et ce sont les musiques de Kitusai et de Guska, telle qu’elles sont, qui ont commandé, dans le temps, de bout en bout, l’allure
du montage, la succession des plans obtenus par les différents recadrages.
Je souhaitais atteindre, au moyen de ces procédés, des transpositions
graphiques de l'expérience mentale, autant subjective qu’objective, que je
faisais, et des tableaux de Bruno, et de la musique de Kitusai et de Guska.
Guska :
Difficile
de dire ce qu’une 'approche artistique' pourrait être.... Disons juste que
j'attends d'aimer ce qui va sortir du travail sur la musique.
Aussi,
je suis une sorte de snob musical, et j'essaye de faire en sorte que mes
contributions soit aussi peu pop que possible. Pour
'Ghost City', j’ai seulement essayé d’imaginer des structures pâles et
fantomatiques, parfois douces, parfois un peu terrifiantes. Mais,
heureusement, je n'étais pas trop seul ; je savais que Kitusai était à mes
côtés…
Kitusai : Nous avions fait un
premier album avec Guska : « The
excellent adventures of Mr Senyawa »…
Patrick : C’est d’ailleurs
en produisant des « images animées », sur une suite de quelques uns
des titres de ce premier album, que j’ai fait la connaissance de Guska !
Kitusai : Alors, pour notre second album, j’ai proposé
à Guska de travailler à partir de la série de tableaux de Bruno Clochard
intitulée « Ghost city ».
Cette série est aussi
inspirante que les autres et franchement adaptée à la période ! Guska et Bruno
ont été enthousiasmés par l’aventure. Vu nos collaborations antérieures, il
allait de soi de proposer à Patrick de créer les films à partir des tableaux et
des musiques. Pour moi c’est un vrai aboutissement. Patrick a joué le rôle du
chef d’orchestre en donnant vie aux musiques et aux tableaux pour en faire un
tout en mouvement. Avec sa baguette magique il a transformé une expérience qui
aurait pu être une simple juxtaposition d’images et de sons en une œuvre
autonome, vivante et unique. Je suis vraiment très heureux de cette immersion
sensible que nous avons de surcroit pu faire aboutir en période confinée, sans
jamais nous rencontrer physiquement. Mais nos âmes elles ne se sont pas
quittées.
Bruno : C’est un projet en cascade, et crescendo !
Et la finalité des montages de Patrick est dans l’esprit
recherché : envoutante, fantomatique et poétique.
Patrick : La première fois que j’ai vu le
travail de Bruno, j’ai spontanément beaucoup apprécié ses alliages si personnels
de ‘réel’ et de ‘rêve’ visuels, à la fois extraordinairement précis, et
provocateur d’intenses dépaysements de l’imagination ! Alors, sans même
avoir déjà découvert l’allure particulière de cette série, Ghost City, j’étais déjà tout acquis, par principe, à un projet
« vidéastique » dans cette direction-là. De toutes les façons, il
suffisait que Kitusai me le propose pour que le principe en soit acquis, compte
tenu de nos expériences passées, toutes heureuses, de collaboration dans ce
domaine.
Guska : Nous aimons tous les
deux, Kitusai et moi, les aspects
bizarres, ésotériques, de la musique. Comme nous vivons à presque 2000
kilomètres l’un de l’autre, quand Kitusai a une
idée, il m'envoie une piste, que je déstructure, et j'en fais quelque chose qui
ressemble légèrement à son original. Et d’autres fois : vice versa ! Dans
les moments les plus favorables, nous avons juste joué et assemblé nos pistes,
les unes sur les autres.
Bruno :
La
« collaboration », c’est l’essence même de toute création artistique,
et ceci sous tous ses aspects possibles !
Au départ, il y a celle
de l’artiste avec son matériau : l’Art-Résistant le plus puissant,
naît des pinceaux, des couleurs, de la toile du peintre. De ce fait il est
déjà matérialisé, prêt à être montré ! Ensuite, il y a la
« collaboration fondamentalement engagée » de l’artiste avec tous
ceux qui lui permettent de publier ses œuvres : les organisateurs
d’expositions telles que des galeries, salons, associations, institutions, etc.
Cette exposition d’une œuvre peut provoquée une « collaboration
imagée » avec des auteurs qui pourront contextualiser, conceptualiser
sa Résistance-Poétique, et ainsi participer à faire collaborer « émotionnellement
» les « visiteurs-écouteurs », qui entrent, qui regardent (même de
l’extérieur)…
Patrick
: Je
suis, de mon coté, particulièrement sensible à ce que tu nommes ici la
« collaboration émotionnelle » : l’œuvre n’accédant à une vraie
existence que dans sa réception.
Le
tableau n’existant finalement que dans le moment de cette « collaboration »
entre celui qui a peint, et celui qui regarde ce qui a été peint ; telle
musique n’existant finalement que dans l’entente, à un moment donné, entre
celui qui compose et celui qui écoute ce qui a été composé. Etc.
Toutes
ces collaborations sont d’ailleurs en quelque sorte des collaborations
conflictuelles. Je veux dire : des conflits destinés à être résolus, en
vue du meilleur pour les parties en présence. Pourrait-on oser les nommer des
« collaborations dialectiques » : des oppositions, des
confrontations entre des réalités distinctes, mais destinées à produire des
réalités nouvelles ?
Guska :
Ces collaborations, elles sont la preuve que « un plus
un, ça fait plus que deux » !
La façon
dont quelqu’un d’autre vient contribuer, créativement, ça déclenche des idées
que je n’aurais pas imaginées par moi-même. Et ça permet une musique qu’il ne serait pas possible de produire
autrement. Parfois, une idée musicale peut changer de direction
si elle est travaillée par d’autres. La collaboration en musique, ça aide à croître
soi-même, à s’agrandir individuellement. Mais, je crois que c’est le point le
plus important : ces collaborations, c’est beaucoup de plaisir, multiplié !
Mais,
pour être tout a été fait honnête, cela a été parfois comme… une certaine forme
de magie noire. Et nous n'en dirons pas plus
Kitusai :
Tout à
fait, je suis entièrement d'accord avec Guska !
J'ajoute simplement que
j'ai joué naguère dans un groupe de rock de banlieue. Quand il y avait des
répétitions tu n'avais pas forcément envie de jouer à ce moment-là, et en plus
y'en avait toujours un pour draguer ta copine. Comme on fait maintenant par
Internet, c'est quand même bien mieux ! J’ai d’abord rencontré Patrick Guillot
sur un forum musical Audiofanzine où nous postons des musiques.
Patrick : C’est là que, dès
2017, sans l’avoir déjà auparavant abordé, j’avais déjà proposé à Kitusai de
faire un clip sur un de ces morceaux, dont le caractère m’avait
particulièrement saisi. Mais cela n’a
été que le début d’une assez riche histoire…
Kitusai : Nous avons
collaboré ensuite à plusieurs projets associant photos, créations visuelles
animées et musique. Nous somme allés présenter une de ces créations (« Saisons ») à une expo près de Lyon
à la Biennale d’art contemporaine REG’ART à Albigny sur Saône en mars 2019.
Bruno Clochard y exposait ses tableaux, alliant l’argentique au numérique, qui
m’ont beaucoup plu.
Patrick : Et moi de
même !
Bruno :
Et
moi j’avais beaucoup apprécié leur création commune, à Kitusai et à
Patrick… Kitusai et moi avons papoté sur la musique d’improvisation, c’est un
domaine que j’affectionne particulièrement en musique et dans l’espace
incroyable de la création !
Kitusai : Et nous sommes
restés en contact, Bruno et moi, et j’ai fait un premier album inspiré de sa
série « Réalité augmentée ».
Bruno : Il s’agissait de
12 images sur 12 de tes improvisations musicales. Puis en 2020, nous nous
sommes encore retrouvés uniquement pour
la partie visuelle de ton nouvel opus « The next room »
Kitusai : Cet album,
« Réalité augmentée », est
paru sur toutes les plateformes musicales Internet (Spotify, Apple, Google
etc.) en 2020. Enfin, j’ai rencontré Guska, qui est allemand, sur le forum
musical Metapop. Même chose qu’avec Patrick : écoutes respectives, sympathie,
mariage…
Guska : Après
avoir rencontré Kitusai et sa musique via le forum Metapop, j’ai aussi
découvert que nous avions tous les deux publié des trucs sur Bandcamp. J'ai
alors rassemblé mon courage, pour le contacter - parce que sa musique… rang a bell with me : elle me parlait !
Et, pour mon bonheur, cela l'a intéressé que nous collaborions, et c’est ainsi
que l’histoire a commencé...
Collectif CK2G (Clochard/Kitusai/Guska/Guillot)
https://www.youtube.com/watch?v=2CpBEaTtDzM
*
Bruno Clochard / Kitusai :
Road Movie https://youtu.be/cdU5Fi2iECo
Réalité Augmentée kitusai.bandcamp.com/album/realite-augmentee
*
Kitusai /
Guska :
"The Excellent adventures ofMr Senyawa"
https://kitusai.bandcamp.com/album/the-excellent-adventures-of-mr-senyawa
Kitusai /
Guska / Guillot :
NINE EXCELLENT ADVENTURES OF GUSKA &
KITUSAI
https://www.youtube.com/watch?v=Ccs7L6WpH1o
Kitusai / Guillot :
MURS /\ MIROIRS_Selfie _ face A & face B
https://www.youtube.com/watch?v=sQuRcjU3SIA
https://www.youtube.com/watch?v=MMTVPHUrQus
Journal de l'Arbre
https://www.youtube.com/watch?v=sd7sQnu5SnA
Les Saisons de Kitusai
https://www.youtube.com/watch?v=M8ARXE0BnG0
http://patrickg75.blogspot.com/
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