MURS /\ MIROIRS
musique : KITUSAI -
de son album 'SELFIE'
textes et images : Patrick GUILLOT
*
Devant des images impavides
Défilent les voitures
Passent les passants
Ainsi va la ville
Ainsi vient la vie
Devant, d'abord la bande !
Ça claironne cuivré, ça clarine boisé
Alors les murs tout éclaboussés
Se poussent
C'est pour faire toute la place aux danseuses
Ils
battent le tambour des comptines
Dans la cour de l’école les enfants
Dans la cour de l’école les enfants
Oiseaux
dansant la ronde
Tout
autour du soleil
Un soleil aux rayons comme
Des baguettes, des rayons de bicyclette
La ronde du soleil de
craie qui
s’écrase
Qui s’efface dans le
grain du goudron
Rapportés à la surface de la Terre,
C'est en un même point de géolocalisation qu'ils seraient présents,
Et simultanément, tous : ceux-ci qui planent si haut, désaxés,
Tout en haut
Et ceux-là en bas, qui ne vivent que de sauver leur vie,
Après avoir gravi des dunes toujours plus escarpées
Maintenant dévalent des vagues toujours plus creuses.
Ceux-là, en bas, déracinés en ce point, à ce moment-là,
Ils voient là-haut cet avion de ligne, passer si haut,
que ce pourrait être, aussi bien, un vaisseau extraterrestre.
Ça balance des hanches
Ça chaloupe la croupe
Et s'envolent, à verse,
Pétales de rose métal,
Vertes paillettes brillantes et confettis
Scintillant, comme on chante,
Blue yellow ! Yellow blue !
Elles laissent parfois une trace tout en suspension
Légère
Sans avoir l'air d'y toucher
Tout en pointillés
Presque tout rentrés dans le mur
Pour se dérober aux regards trop insistants ?
Ou alors pour se réserver ?
Pour ne se donner enfin qu'à ceux qui auront la main assez douce
et les yeux assez grand ouverts
Il suffit d'un refrain fredonné
Les piliers sont montés en rayons de soleil
La peinture azur couleur du vent
Soudaine la translucidité des façades
Pavées d'éclats de miroirs
Plonger ? Oui ! Mais la tête en haut
En haut toute !
Quand il rêve des nuages
Il
rêve de s'y baigner
Dans
les profondeurs des nuages
Il
s'élance au ralenti
Il
s'éprend de la plus légère brise
Il
grimpe aux murs
Tout
en haut
Pour
bien se dégourdir les oreilles
Pour
se laver de tout
Tout
ce qui empoisse les paupières
Là haut se trouvent toutes les couleurs
Bouquet de générations !
Brassage de toutes les couleurs possibles
!
C'est alliance pour ce jour
Mais non ! Personne n'oublie rien
Mais quittant son logis ce matin
Chacun est descendu en dévalant les
escaliers
Non, personne aujourd'hui n'a égaré son
nom
Mais c’est le jour de toutes les joies
emmêlées
Toutes se déversent et se retrouvent dans les
rues, sur les places
C'est bouquet de fêtes, Carnaval !
C’est après une journée accomplie, bien emplie
D’un bon travail, quand on sort de l’atelier
Délivré de tout ce qui est sorti de soi
Ce sont tous ces gris lumineux
Caressants comme un foulard de soie
Que l’on porte léger
On danse mais pour soi
Il suffit de trois pas
Mais en équilibre sur un fil si ténu
En lévitation je passe muraille
Cap sur l'horizon
tous les sens du dessus
mis dessous
Apesanteur inverse
je m'envole
ou bien - est-ce le grand plongeon ?
Mais c'est alors comme je passe
de l'éveil au songe
*
Ça vient de loin
De si loin
Inutile de fixer devant toi
Au delà de cet horizon
Aux points de fuite toujours trop proches
Elle est en route depuis longtemps
Depuis si longtemps
Cette grande migration-là
Comprends-tu qu'elle ne tourne qu'en toi ?
Est-ce un méchant ? Un menaçant
Sournoisement
se défilant dans les failles
Des murs
défaits.
Il ne peut
supporter qu'un seul regard reste à le fixer
Un seul
instant. Rien qu'un instant être dévisagé ?
Impossible.
Alors il
glisse fondant dans le bitume,
Dissimulé
dans les plâtres pulvérulents...
Et d'un
seul bond il arrache
Que tous les murs semblent aussi durs
Peu importe
Répond le nomade
Paré de toutes les couleurs des temps passés
Avec les couleurs du temps encore à venir
Il me suffit pour les traverser d'un rien de brume
D’une étincelle de fumée
Traversée du plus mince de ces rayons nocturnes
Effluves de fêtes fantomatiques
Comme le parfum d'un désir éventé
S'accrochent aux murs
Ces lambeaux de souvenirs
On peut croire qu'ils s'y effaceront
Grattés par la routine des jours
Mais ce n'est que pour s'incruster
Dans
la mémoire des passants
La peau des façades - d'un coup : effacée !
Alors, ce sont des remparts mis à terre,
où s'accrochent encore des tapisseries - flamboyantes !
Entre les colonnes de temples effondrés
rutile l'or d'une effigie – divine ?
S'ouvrent devant nous des nefs éventrées...
N'y demeurent, suspendus en l'air,
que les vitraux - phosphorescents !
Courant sur la façade
Des humeurs brûlantes
S'insinuent
Suivant les plus fines courbes
Des fissures
Les plus infimes
Sac et ressac
Tout ce qui vient du profond
Tissera ta peau
Inspire le vide
Il gonflera tes voiles
Tu avaleras tout ce que tu craches
Et ce qui est tombé du ciel
Enfin sort de la terre
Brillances sinusoïdales
La vague en déferlant
Épouse la flamme
Le feu caresse l'onde
Chaque mur a deux versants
Un pour affronter le jour
L'autre qui protège le secret
Autour du soleil
Modulation discrète
La ronde des oiseaux nocturnes
Le profil angélique de ces résonances
Arcs en ciel qui me portaient au Paradis
Était-il celui du masque suave de l'Abîme ?
Que la façade affiche sa morne indifférence
Que le mur se dresse sur la défensive
de toute sa hauteur aphasique
D'autant plus virulentes seront les espiègleries
De ces bandes d'étourneaux dégourdis
À califourchon sur des toupies sautillantes
Aussi légers qu'une buée
Ils bondissent d'un trottoir à l'autre
Ou bien s'envolent au dessus des toits
Suspendus au premier nuage qui passe
|
toutes leurs pirouettes
méli-mélo
ça fait des étincelles
toutes couleurs
qui fusent de partout
dessus dessous
les ruisseaux en foule
fourmillent
des joies enfantines
en pluie fine
C'est la nuit qui tombe, une nuit
Liquide qui tombe en pluie
Charriant éclats d'étoiles et poussières de galaxies
Tout au long des trottoirs
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