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vendredi 10 mai 2019

MURS /\ MIROIRS

MURS /\ MIROIRS

  
musique : KITUSAI - de son album 'SELFIE'

textes et images : Patrick GUILLOT


*





Devant des images impavides 
Défilent les voitures
Passent les passants
Ainsi va la ville
Ainsi vient la vie  







Devant, d'abord la bande !

Ça claironne cuivré, ça clarine boisé
Alors les murs tout éclaboussés
Se poussent

C'est pour faire toute la place aux danseuses







Ils battent le tambour des comptines
Dans la cour de l’école les enfants
Oiseaux dansant la ronde
Tout autour du soleil

Un soleil aux rayons comme
Des baguettes, des rayons de bicyclette

La ronde du soleil de craie qui s’écrase
Qui s’efface dans le grain du goudron




Rapportés à la surface de la Terre,
C'est en un même point de géolocalisation qu'ils seraient présents,
Et simultanément, tous : ceux-ci qui planent si haut, désaxés,
Tout en haut

Et ceux-là en bas, qui ne vivent que de sauver leur vie,
Après avoir gravi des dunes toujours plus escarpées
Maintenant dévalent des vagues toujours plus creuses.

Ceux-là, en bas, déracinés en ce point, à ce moment-là,
Ils voient là-haut cet avion de ligne, passer si haut,
que ce pourrait être, aussi bien, un vaisseau extraterrestre.






Ça balance des hanches
Ça chaloupe la croupe

Et s'envolent, à verse, 
Pétales de rose métal,
Vertes paillettes brillantes et confettis 
Scintillant, comme on chante,
Blue yellow ! Yellow blue ! 




Elles laissent parfois une trace tout en suspension
Légère 
Sans avoir l'air d'y toucher
Tout en pointillés 
Presque tout rentrés dans le mur

Pour se dérober aux regards trop insistants ?
Ou alors pour se réserver ? 
Pour ne se donner enfin qu'à ceux qui auront la main assez douce
et les yeux assez grand ouverts



Il suffit d'un refrain fredonné 

Les piliers sont montés en rayons de soleil 
La peinture azur couleur du vent

Soudaine la translucidité des façades
Pavées d'éclats de miroirs






Plonger ? Oui ! Mais la tête en haut
En haut toute !
Quand il rêve des nuages

Il rêve de s'y baigner
Dans les profondeurs des nuages
Il s'élance au ralenti

Il s'éprend de la plus légère brise  
Il grimpe aux murs
Tout en haut

Pour bien se dégourdir les oreilles
Pour se laver de tout 
Tout ce qui empoisse les paupières 

Là haut se trouvent toutes les couleurs 





  

Bouquet de générations !
Brassage de toutes les couleurs possibles !
C'est alliance pour ce jour

Mais non ! Personne n'oublie rien
Mais quittant son logis ce matin
Chacun est descendu en dévalant les escaliers 

Non, personne aujourd'hui n'a égaré son nom
Mais c’est le jour de toutes les joies emmêlées

Toutes se déversent et se retrouvent dans les rues, sur les places
C'est bouquet de fêtes, Carnaval !
  





C’est après une journée accomplie, bien emplie
D’un bon travail, quand on sort de l’atelier
Délivré de tout ce qui est sorti de soi

Ce sont tous ces gris lumineux
Caressants comme un foulard de soie
Que l’on porte léger

On danse mais pour soi
Il suffit de trois pas
Mais en équilibre sur un fil si ténu







En lévitation je passe muraille

Cap sur l'horizon
tous les sens du dessus
mis dessous

Apesanteur inverse
je m'envole
ou bien - est-ce le grand plongeon ?

Mais c'est alors comme je passe
de l'éveil au songe



*




Ça vient de loin
De si loin 

Inutile de fixer devant toi
Au delà de cet horizon
Aux points de fuite toujours trop proches 

Elle est en route depuis longtemps 
Depuis si longtemps 

Cette grande migration-là 
Comprends-tu qu'elle ne tourne qu'en toi ?





Est-ce un méchant ?  Un menaçant 
Sournoisement se défilant dans les failles 
Des murs défaits.

Il ne peut supporter qu'un seul regard reste à le fixer
Un seul instant. Rien qu'un instant être dévisagé ?
Impossible. 

Alors il glisse fondant dans le bitume,
Dissimulé dans les plâtres pulvérulents... 
Et d'un seul bond il arrache







Que tous les murs semblent aussi durs
Peu importe
Répond le nomade
Paré de toutes les couleurs des temps passés 

Avec les couleurs du temps encore à venir 
Il me suffit pour les traverser d'un rien de brume 
D’une étincelle de fumée
Traversée du plus mince de ces rayons nocturnes 




Effluves de fêtes fantomatiques 
Comme le parfum d'un désir éventé

S'accrochent aux murs 
Ces lambeaux de souvenirs

On peut croire qu'ils s'y effaceront
Grattés par la routine des jours

Mais ce n'est que pour s'incruster
Dans la mémoire des passants 




La peau des façades - d'un coup : effacée ! 

Alors, ce sont des remparts mis à terre,
où s'accrochent encore des tapisseries - flamboyantes !
Entre les colonnes de temples effondrés
rutile l'or d'une effigie – divine ?

S'ouvrent devant nous des nefs éventrées...
N'y demeurent, suspendus en l'air,
que les vitraux - phosphorescents !





Courant sur la façade 
Des humeurs brûlantes 
S'insinuent
Suivant les plus fines courbes 
Des fissures 
Les plus infimes 

Sac et ressac 
Tout ce qui vient du profond 
Tissera ta peau 

Inspire le vide 
Il gonflera tes voiles 
Tu avaleras tout ce que tu craches 

Et ce qui est tombé du ciel 
Enfin sort de la terre 

Brillances sinusoïdales 
La vague en déferlant 
Épouse la flamme 

Le feu caresse l'onde 





Chaque mur a deux versants 
Un pour affronter le jour 
L'autre qui protège le secret 

Autour du soleil 
Modulation discrète 
La ronde des oiseaux nocturnes 

Le profil angélique de ces résonances 
Arcs en ciel qui me portaient au Paradis 
Était-il celui du masque suave de l'Abîme ? 



Que la façade affiche sa morne indifférence
Que le mur se dresse sur la défensive
                         de toute sa hauteur aphasique 

D'autant plus virulentes seront les espiègleries 
De ces bandes d'étourneaux dégourdis 
À califourchon sur des toupies sautillantes

Aussi légers qu'une buée 
Ils bondissent d'un trottoir à l'autre
Ou bien s'envolent au dessus des toits
Suspendus au premier nuage qui passe




toutes leurs pirouettes
méli-mélo

ça fait des étincelles
toutes couleurs

qui fusent de partout
dessus dessous

les ruisseaux en foule 
fourmillent

des joies enfantines 
en pluie fine






C'est la nuit qui tombe, une nuit 
Liquide qui tombe en pluie
Charriant éclats d'étoiles et poussières de galaxies
Tout au long des trottoirs

  



  






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