mercredi 19 juillet 2017

MOMMY’S GONE

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le texte de cette chanson de Béñat, MOMMY’S GONE


est ici dans une version proposée par Patrick Guillot
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De nouveau, je fixe votre portrait
Votre énigmatique regard sans vie
Pourrait-il ne me laisser qu’à moitié vide
J'aimerais tant vous voir sourire

Je choisissais un livre
Dans la bibliothèque de mon père
Quand une image tomba à mes pieds
Et j'ai demandé C'est quoi ce bazar

Je retrouvais vos yeux
Et ce profil si typiquement grec du nez
Pas de doute, le carillon de mon cœur
À toute volée ! Si vite et fort

Maman est partie
Maman est partie

J'étais bien trop jeune 
Pour me souvenir
Et je n'avais ni frère ni sœur
À qui poser les questions qui me tuent
Papa ne parlait jamais
De ce temps-là
Si je disais chercher un signe
Je voyais qu'il était blessé et essayait de se moquer de moi

Maman est partie
Maman est partie

Papa ne me laisse pas
Le silence est trop lourd
Si j'avais un fils unique dont je devais prendre soin
Je lui aurais dit
Maman est ici 
Et elle t'aime
Peu importe la négligence que tu pouvais ressentir
Maintenant tu peux ressentir
Que maman est là
Sens-la contre ta poitrine
Elle y a déposé la tendresse dont tu devais te nourrir
Maintenant tu dois la nourrir

De nouveau, je regarde par la fenêtre 
Le soleil et la pluie construisent un arc-en-ciel
La lumière de votre visage 
M’est comme une consolation 
En ce lieu paisible



*


*


Again, I look at your photograph
Your lifeless enigmatic eyes
May emptiness be sometimes half
I would have liked seeing your smile

I was picking a book
In my daddy's reading-room
When a picture fell to my feet
And I wondered what this hell could be

I got your eyes
And this typical greek nose of profile
No doubt, the jingle of my heart
Take off! So fast and hard

Mommy's gone
Mommy's gone

I was far too young
To remember
And I got nor brother nor sister
To ask questions which 're killing me
Dad never spoke
About that time
When I said I was looking for a sign
I knew he was hurt and tried to kid me

Mommy's gone
Mommy's gone

Daddy don't let me
Silence 's too much to bear
If I had an only son I should care
I would have told him
Mommy's here
And she loved you
No matter neglect which you might feel
Now you may feel
Mommy's there
Feel her in your chest
She put her kindness in you have to feed
Now you must feed
Again, I look through the window
Sun and rain train a rainbow
Light on your face
Leaves me some grace
In this peaceful place





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C’est une expérience commune : quelqu’un vous parle, que vous écoutez.
Et vous avez assez de bonnes raisons de penser que vous l’écoutez aussi attentivement qu’il vous est possible.
D’ailleurs, il n’y a rien qui parasite l’émission de ses paroles, et rien non plus qui vienne en parasiter la réception.
Mais, c’est seulement que vous l’entendez “à votre façon” – et, comment pourrait-il en être autrement ? Vous n’avez pas d’autre “façon” que la vôtre à votre disposition.
C’est pourquoi nous sommes toujours en train de “traduire”, sans même avoir la moindre idée que c’est ce que nous faisons – quand bien même celui que nous écoutons parle notre langue.

Et puis, il y a la traduction obligée, quand nous sommes devant une parole dans une langue étrangère : une langue dont nous ne maîtrisons pas assez l’usage, que nous ne comprenons pas aussi immédiatement que nous comprenons la nôtre.
Certes, c’est une “obligation”. Mais c’est bien autre chose qu’un simple intérêt pratique, que je trouve à l’exercice de la traduction d’un texte, quand l’occasion s’en présente – comme c’est le cas ici -, quand l’intérêt de ce texte n’est pas tant pratique que poétique !

Donc, ici, une traduction « à ma façon ».
Ce qui signifie que son point d’appui - sa motivation profonde -  n’est pas dans le contenu littéral du texte originel, mais dans ce que, moi, je comprends (bien ou mal) de la motivation profonde de l’auteur.
En effet, le texte originel est déjà comme une traduction – mais d’un « texte » qui n’est pas fait de mots, mais d’un complexe d’émotions-sensations-visions-sentiments- pensées, etc.
C’est ce « texte » qu’il s’agit de retrouver… Ce « morceau » de l’existence de l’auteur qui lui a fait écrire, comme il a écrit.


C’est pourquoi toute traduction est toujours, essentiellement, contestable.

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