mercredi 5 février 2020

On the Edge of His Dream




(image : 'Regard intérieur' de Virginie Bel)




Sur le bord ?

On sait qu'une frontière n'est jamais en elle-même, à proprement parler, dans l'un ou l'autre des pays qu'elle délimite, et que, si telle ligne n’est définie que géométriquement, on peut la considérer comme sans épaisseur réelle.
Alors, quand nous nous dirions "sur le bord", cela ne dirait rien précisément du côté sur lequel nous nous tenons.

Ainsi, nous sommes "sur le bord" quand nous sommes entre le rêve et l'éveil : quand, depuis le rêve, nous visitons notre existence éveillée, et quand, ensuite, revenus dans celle-ci, nous sommes saisis par ce que notre mémoire a retenu de ce rêve.
Et les animaux aussi bien, rêvent.
C’est à leur façon à eux, sans doute particulière à chaque espèce - et qui doit tenir, entre autres, à la richesse de leurs sensations propres, et aux moyens dont ils disposent pour se représenter ces sensations.

Certes, tous les êtres vivants d'une même espèce "communiquent" entre eux, selon le degré de complexité de leurs organismes ; cependant, je ne confonds pas la communication  et la parole
Or donc, aucun gorille, ni chimpanzé ni bonobo, ne me parle... ce qui s’appelle parler, à proprement parler.
Et je sais que, s'ils ont tous, sûrement "des choses à dire", celles-ci me resteront, à tout jamais, absolument, inaccessibles.

Cependant, ils sont de toute évidence si proches de ce que nous sommes, que je peux bien avoir une forte envie, moi, d'une expérience de pensée, par laquelle je me ferais une représentation - oh, « projection » toute humaine, trop humaine - de ce qu'elle a dans la tête, celle-là dont je croise le regard dans cette image...
(Oui : je dis "elle" car Virginie Bel, qui a fait ce puissant portrait, me dit que c'est celui d'une femelle.)
Alors, sans aucun moyen d'engager aucune conversation avec elle, j'imagine...
J'imagine au moyen d’un intermédiaire : du biais de ce que je peux penser que nous avons d'assez commun, au moyen des sensations.
Parce que, après tout, l'humain appartient pleinement au règne animal, non ? Et, avec beaucoup d'autres espèces, nous partageons des appareils sensoriels bâtis selon les mêmes principes.

*

Comme il s'agit tout de même, ici, de faire de la musique..., je ne me suis imaginé des sons... Quels sons pourraient occuper la rêverie de notre gorille pensive ?

Il s'agissait ensuite de décider si "naturalisme bruitiste" il y aurait ? 
Négatif ! Il s'agissait en effet de composer la matière de ce qui devrait être de l'ordre du rêve. 
Donc, le seul usage d'instruments, très "musicaux", s'est vite imposé.

A part ça ? Techniquement ?
Les sons d'origine ont été pris à des banques éditées par UVI : "Ircam" pour les bois (flûte, clarinette et basson) et la contrebasse ; "Orchestra" pour les timbales et les gongs 'classiques' ; et "World" pour une percussion exotique (birmane).
Le matériel harmonique est évidemment constitué tout entier par une gamme pentatonique, la japonaise 'yo', assez identifiée comme celle « des touches noires »...
Les figures rythmiques sont moins traditionnelles, puisque toutes dérivées d'une "série" de durées (3-4-5-7).







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