Pages

mercredi 20 juin 2018

HÖLDERLIN / WENN AUS DER FERNE / SI DEPUIS LE LOINTAIN


 Friedrich HÖLDERLIN /  Wenn aus der ferne /  Si depuis le lointain


(traduction proposée par Patrick Guillot)
  ____________________________________________________

"Si depuis le lointain,..."

Si depuis le lointain, comme nous sommes divorcés,
   Je te suis encore reconnaissable, le passé,
      Ô toi partageant mes souffrances !
         Peut te signifier quelque bonheur,

Alors dis-moi comment t’espère l’amie ?
   Dans ces jardins, là où par un affreux
      Et obscur temps nous nous rencontrâmes ?
         Ici, auprès des fleuves du monde sacré de l’origine.

Je dois le dire, quelque bonheur était
   Dans tes regards, lorsque dans le lointain tu
      Te retournais une fois joyeusement,
         Homme toujours renfermé, à l’air

Si ténébreux. Comment s’écoulaient les heures là-bas, combien tranquille
   Était mon âme au-delà de cette vérité, que
      J’étais devenue tellement séparée ?
         Oui ! je l’avoue, j’étais tienne.

Vraiment ! comme tu voulais, le connu de tous,
   En ma mémoire me le rapporter et écrire
      Par des lettres, ainsi me fut aussi adressé
         Que je dise tout du passé.

Était-ce le printemps ? était-ce l’été ? le rossignol
   Avec de suaves mélodies vivait avec les oiseaux qui
      N’étaient pas loin dans le bocage,
         Et nous ceignaient d’odeurs les arbres.

Les clairs sentiers, les courts buissons et le sable
   Que nous foulions rendaient plus réjouissants
      Et aimables les jacinthes
         Ou les tulipes, violettes, œillets.

Sur les parois et les murs verdissait le lierre, verdissait
   Une bienheureuse obscurité dans les hautes allées. Souvent
      Soir et matin étions-nous là-bas
         À échanger maintes choses et nous voir avec joie.

Dans mes bras revivait l’adolescent,
   Lui, encore délaissé, venu de régions
      Qu’il me montrait avec quelque mélancolie,
         Mais les noms de ces lieux extraordinaires

Et de toutes ces beautés les avait-il retenus, ce qui
   Sur les rives bienheureuses, pour moi aussi très précieux,
      Au pays chez nous était en fleurs,
         Ou bien dérobé, depuis une vue plus élevée,

Où quelqu’un peut aussi de partout contempler la mer,
   Mais nul ne veut être. Contente-toi, et pense
      À elle, elle qui est encore amusée, pourquoi,
         Parce que le jour ravissant nous apparaissait,

Qui avec des aveux ou des serrements de mains
   Débutait, qui nous réunissait. Ah ! hélas pour moi !
      Ce furent de beaux jours. Mais
         Un morne crépuscule suivit plus tard.

Tu étais si seul dans ce monde si beau,
   M’affirmes-tu toujours, bien-aimé ! ce
      Que pourtant tu ne sais pas, .........


  
   ____________________________________________________

 "Wenn aus der ferne..."
                            Si depuis le lointain, ...
Wenn aus der Ferne, da wir geschieden sind,
Si depuis le lointain, comme nous sommes divorcés,
   Ich dir noch kennbar bin, die Vergangenheit,
Je te suis encore reconnaissable, le passé,
      O du Teilhaber meiner Leiden !
Ô toi partageant mes souffrances !
         Einiges Gute bezeichnen dir kann,
Peut te signifier quelque bonheur,

So sage, wie erwartet die Freundin dich ?
Alors dis moi comment t’espère l’amie ?
   In jenen Gärten, da nach entsetzlicher
Dans ces jardins, là où par un affreux
      Und dunkler Zeit wir uns gefunden ?
Et obscur temps nous nous rencontrâmes ?
         Hier an den Strömen der heilgen Urwelt.
Ici, auprès des fleuves du monde sacré de l'origine.

Das muß ich sagen, einiges Gutes war
Je dois le dire, quelque bonheur était
   In deinen Blicken, als in den Fernen du
Dans tes regards, lorsque dans le lointain tu
      Dich einmal fröhlich umgesehen,
Te retournais une fois joyeusement,
         Immer verschlossener Mensch, mit finstrem
Homme toujours renfermé, à l’air

Aussehn. Wie flossen Stunden dahin, wie still
Si ténébreux. Comment s’écoulaient les heures là-bas, combien tranquille
   War meine Seele über der Wahrheit, daß
Était mon âme au-delà de cette vérité, que
      Ich so getrennt gewesen wäre ?
J’étais devenue tellement séparée ?
         Ja ! ich gestand es, ich war die deine.
Oui ! je l’avoue, j’étais tienne.

Wahrhaftig ! wie du alles Bekannte mir
Vraiment ! comme tu voulais, le connu de tous,
   In mein Gedächtnis bringen und schreiben willst,
En ma mémoire me le rapporter et écrire
      Mit Briefen, so ergeht es mir auch,
Par des lettres, ainsi me fut aussi adressé
         Daß ich Vergangenes alles sage.
Que je dise tout du passé.

Wars Frühling ? war es Sommer ? die Nachtigall
Était-ce le printemps ? était-ce l'été ? le rossignol
   Mit süßem Liede lebte mit Vögeln, die
Avec de suaves mélodies vivait avec les oiseaux qui
      Nicht ferne waren im Gebüsche
N’étaient pas loin dans le bocage,
         Und mit Gerüchen umgaben Bäum uns.
Et nous ceignaient d’odeurs les arbres.

Die klaren Gänge, niedres Gesträuch und Sand,
Les clairs sentiers, les courts buissons et le sable
   Auf dem wir traten, machten erfreulicher
Que nous foulions rendaient plus réjouissants
      Und lieblicher die Hyazinthe
Et aimables les jacinthes
         Oder die Tulpe, Viole, Nelke.
Ou les tulipes, violettes, œillets.

Um Wänd und Mauern grünte der Efeu, grünt’
Sur les parois et les murs verdissait le lierre, verdissait
   Ein selig Dunkel hoher Alleen. Oft
Une bienheureuse obscurité dans les hautes allées. Souvent
      Des Abends, Morgens waren dort wir,
Soir et matin étions-nous là-bas
         Redeten manches und sahn uns froh an.
À échanger maintes choses et nous voir avec joie.

In meinen Armen lebte der Jüngling auf,
Dans mes bras revivait l’adolescent,
   Der, noch verlassen, aus den Gefilden kam,
Lui, encore délaissé, venu de régions
      Die er mir wies, mit einer Schwermut,
Qu’il me montrait avec quelque mélancolie,
        Aber die Namen der seltnen Orte
Mais les noms de ces lieux extraordinaires

Und alles Schöne hatt er behalten, das
Et de toutes ces beautés les avait-il retenus, ce qui
   An seligen Gestaden, auch mir sehr wert,
Sur les rives bienheureuses, pour moi aussi très précieux,
      Im heimatlichen Lande blühet
Au pays chez nous était en fleurs,
         Oder verborgen, aus hoher Aussicht,
Ou bien dérobé, depuis une vue plus élevée,

Allwo das Meer auch einer beschauen kann,
Où quelqu’un peut aussi de partout contempler la mer,
   Doch keiner sein will. Nehme vorlieb, und denk
Mais nul ne veut être. Contente-toi, et pense
      An die, die noch vergnügt ist, darum,
À elle, elle qui est encore amusée, pourquoi,
         Weil der entzückende Tag uns anschien,
Parce que le jour ravissant nous apparaissait,

Der mit Geständnis oder der Hände Druck
Qui avec des aveux ou des serrements de mains
   Anhub, der uns vereinet. Ach ! wehe mir !
Débutait, qui nous réunissait. Ah ! hélas pour moi !
      Es waren schöne Tage. Aber
Ce furent de beaux jours. Mais
         Traurige Dämmerung folgte nachher.
Un morne crépuscule suivit plus tard.

Du seiest so allein in der schönen Welt,
Tu étais si seul dans ce monde si beau,
   Behauptest du mir immer, Geliebter ! das
M’affirmes-tu toujours, bien-aimé ! ce
      Weißt aber du nicht,  (................) 
Que pourtant tu ne sais pas, (................)
   ____________________________________________________

‘Wenn aus der ferne...’
               Wenn aus der Ferne, da wir geschieden sind,
                  Ich dir noch kennbar bin, die Vergangenheit,
                     O du Teilhaber meiner Leiden !
                        Einiges Gute bezeichnen dir kann,
               
                So sage, wie erwartet die Freundin dich ?
                  In jenen Gärten, da nach entsetzlicher
                     Und dunkler Zeit wir uns gefunden ?
                        Hier an den Strömen der heilgen Urwelt.

               Das muß ich sagen, einiges Gutes war
                  In deinen Blicken, als in den Fernen du
                     Dich einmal fröhlich umgesehen,
                        Immer verschlossener Mensch, mit finstrem

               Aussehn. Wie flossen Stunden dahin, wie still
                  War meine Seele über der Wahrheit, daß
                     Ich so getrennt gewesen wäre ?
                        Ja ! ich gestand es, ich war die deine.

               Wahrhaftig ! wie du alles Bekannte mir
                  In mein Gedächtnis bringen und schreiben willst,
                     Mit Briefen, so ergeht es mir auch,
                        Daß ich Vergangenes alles sage.

               Wars Frühling ? war es Sommer ? die Nachtigall
                  Mit süßem Liede lebte mit Vögeln, die
                     Nicht ferne waren im Gebüsche
                        Und mit Gerüchen umgaben Bäum uns.

               Die klaren Gänge, niedres Gesträuch und Sand,
                  Auf dem wir traten, machten erfreulicher
                     Und lieblicher die Hyazinthe
                        Oder die Tulpe, Viole, Nelke.

               Um Wänd und Mauern grünte der Efeu, grünt’
                  Ein selig Dunkel hoher Alleen. Oft
                     Des Abends, Morgens waren dort wir,
                        Redeten manches und sahn uns froh an.

               In meinen Armen lebte der Jüngling auf,
                  Der, noch verlassen, aus den Gefilden kam,
                     Die er mir wies, mit einer Schwermut,
                        Aber die Namen der seltnen Orte

               Und alles Schöne hatt er behalten, das
                  An seligen Gestaden, auch mir sehr wert,
                     Im heimatlichen Lande blühet
                        Oder verborgen, aus hoher Aussicht,

               Allwo das Meer auch einer beschauen kann,
                  Doch keiner sein will. Nehme vorlieb, und denk
                     An die, die noch vergnügt ist, darum,
                        Weil der entzückende Tag uns anschien,
               Der mit Geständnis oder der Hände Druck 

                  Anhub, der uns vereinet. Ach ! wehe mir !
                     Es waren schöne Tage. Aber
                        Traurige Dämmerung folgte nachher.
               Du seiest so allein in der schönen Welt, 

                  Behauptest du mir immer, Geliebter ! das
                     Weißt aber du nicht,  (................)
  


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire