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samedi 30 août 2014

PASSAGER

PASSAGER…

... (passagère est la fascination du passager)


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C’est un de ces lieux qui semblent n’être faits que de « passages ». 
Cependant chacune des étapes possibles, de chacun de ces passages, présente un aspect combiné à seule fin que le passant cesse, un moment, de passer, et s’y arrête un temps suffisant pour avoir l’envie d’y consommer, peu importe quoi. 
(Ainsi doivent l’avoir espéré les combinateurs de la chose.)
Mais, dans ce lieu-là, par ailleurs saturé de ces sortes de passages destinés uniquement à y retenir le passant, les circonstances d’un chantier en cours ont rendu nécessaire d’en aménager un qui, lui, ne serait fait que pour qu'on y passe – d’un côté à l’autre, sans s’arrêter.
Comme un pont ? Oui, mais aveugle, ne s’ouvrant sur aucun ciel qui provoque chez le passant l’envie de lever la tête, sur aucun paysage à contempler en tournant le regard à droite ou à gauche... (Ni lac ni rivière, ni plan d’eau, vive ou morte, ni plaine, ni vallée ouvertes jusqu’aux lointains, ni profondeurs obscures d’une gorge aux flancs escarpés…)
Alors, plutôt comme un tunnel, en fait : ne donnant sur aucune autre vue que celle du point où aller, et ne donnant pas même envie de se retourner pour revoir le point d’où l’on est venu. (Un passage à l’état pur, pour ainsi dire.)
Mais sans doute fallait-il encore que, pour tel ou tel passant de ce côté-ci, « l’autre côté » ne semble jamais être moins attractif, et que l’aspect du passage ne rebute pas l’envie de s’y engager ? Et ce serait pourquoi les combinateurs du lieu ont eu l’idée d’y disposer ce spectacle lumineux qui, pour le spectateur complaisant, pourra paraître incessamment recommencé, comme celui des vagues ou des nuages – chatoyant comme un ciel, scintillant comme une mer… (Etc.)
C’est l’insignifiance parvenue à un haut degré de perfection, mais cela peut devenir aussi fascinant qu’il est possible, si l’on veut.

(lundi 3 mars 2014)



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