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mercredi 6 mai 2020

INTERFÉRENCES CHAMANIQUES


INTERFÉRENCES CHAMANIQUES

musique : Pierre Marchand et Patrick Guillot




 inspirée par cette photographie de Ludovic Hautevelle :


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L'homme marche. 
Il marche sur cette route - là où il est inconcevable que l'on puisse marcher avec ses deux jambes pour seul moteur - sans s'inquiéter de savoir pourquoi il doit marcher le long de cette route. 
Il ne s'inquiète pas plus de savoir depuis quand. Mais, qu'il puisse marcher le long de cette route depuis plusieurs jours déjà, cela lui semble, étrangement, aussi possible qu’invraisemblable.
Il s'étonnera peut-être, plus tard, de ne pas avoir été plus étonné, alors, de marcher ici. Mais, pour l'instant... il a oublié de s'étonner.
Seul, il marche sur la route - ou plutôt, à côté.
Il longe la route. Sur la terre. Seul sur terre...
À un moment indéterminé, sans qu’il ne pressente rien, il est saisi. Il frissonne. 
Est-ce le vent qui se lève ? 
L’homme a bien senti comme un souffle passé sur son visage mais, à l'entour, nulle poussière n’est soulevée, et les quelques nuages qu’il voit devant lui au loin, au dessus des collines, lui paraissent aussi implacablement figés qu'ils le seraient dans une photographie...
 Il voit et il entend - c'est sûr ! alors même qu’il ne sait rien encore de ce qu'il voit, ni de ce qu'il entend.
L’homme est certain, sans même avoir l’idée de se poser la question des raisons de sa certitude, qu’il y a là, encore invisible mais depuis toujours présent à l’entour, quelque chose… qui est à voir, quelque chose qui est à entendre…
S’il s’est arrêté de marcher, ce n’est sans doute que pour mieux scruter toutes ces sensations ?
 Mais, maintenant que tout, en lui, se tient enfin immobile, cela, dont il « voyait » et « entendait » la présence, comme tenu encore à l’écart dans une distance indiscernable, cela se rapproche, comme pourrait se rapprocher de lui quelques personnes qui voudraient lui parler nettement mais sans avoir à élever la voix, sans murmurer mais sans crier, hors de tout besoin de confidence autant que de tout semblant de menace.
Et cela enfin lui « parle », dans une langue qu’il comprend sans l’avoir apprise, une langue composée de gémissements de ce vent qui ne déplace aucune poussière, des grondements d’une terre qui ne tremble pas, des craquements de branches d’arbres qui ne donnent pas d’ombre, et des caquètements d’oiseaux qui ne volent pas dans ce ciel-là.
Alors, enfin s’approche le chant de « Celui-qui-enseigne-l’art-de-rêver »…







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