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dimanche 8 septembre 2024

Le vent est tombé (récit)

 

- Le vent est tombé, dirait on...

- Oui, il semble.

On pourrait sortir... Tu m'accompagnes ?

- Tu veux sortir ?

- Oh, juste aller au fond du jardin... Tu viens ?

- Il faut que je finisse cette lettre à ma mère. C'est compliqué. Et il faut absolument que je la poste demain matin. Et rien que d'y penser... 

Et je crois qu'après ça, je n'aurais qu'une envie.


Elle s'est tournée vers lui. 

Elle sourit en fermant les yeux, ses deux mains jointes étendues sous sa joue droite, anticipant le mol oreiller...

D'abord, il lui répond d'un sourire. Et puis il se lève.


- Bon... Oui. Je comprends. À tout de suite alors. Je ne vais pas y rester longtemps.

Courage !

*

Mais, il le sait bien, aussi, que, de toute façon, elle n'aime pas trop venir, la nuit, de ce côté de la maison.

Il doit reconnaître que cette lumière du réverbère planté dans la rue longeant le fond du jardin, elle est un peu trop forte.

Et puis, la seule chaise laissée ici en faction n'est vraiment pas très confortable. Une chaise de cuisine, bien raide de dossier et bien dure de siège.

Mais, cet inconfort lui convient. Ce n'est pas pour dormir qu'il aime si souvent se retrouver là en fin de soirée.

Quant à l'éclairage public, plutôt intempestif sur cette voie souvent désertée, il s'en arrange en lui tournant le dos, et en se rapprochant des arbres... 

Il lève la tête.

Le vent qui a soufflé toute la journée semble avoir éliminé toute trace d'humidité en suspension dans le ciel.

Depuis la Terre jusqu'aux étoiles les plus lointaines.


Alors il répète, à haute voix : Le vent est tombé, dirait on.


Mais, qui donc est ce on qui dit ça comme ça ?

C'est curieux, quand même, que le vent soit quelque chose qui puisse tomber.

Un arbre tombe. Une pierre tombe d'un mur. Enfant, il est souvent tombé... Mais le vent ?

S'il tombait du ciel d'où il souffle, on le retrouverai par terre. On pourrait l'y ramasser comme on ramasse... comme on ramasse toutes les feuilles que lui, le vent, fait tomber !

Mais il est vrai aussi que ce vent, celui qui souffle par ici, ah, ce vent est un vent à majuscule, un de ces Vents qui sont nommés d'un nom de personne humaine, sinon de divinité : le Mistral, la Tramontane, U Libecciu...

Et tous les dieux, comme tous les humains, sont destinés à tomber, un jour...


L'inanité de sa digression, poursuivie tout du long à voix haute, le fait sourire. 


Ou bien, est-ce cette sensation de légèreté qui lui remonte des jambes, traverse ses reins, lui caresse la nuque, lui fait redresser les épaules ?

C'est-à-dire : est-ce de pouvoir digresser aussi librement, à l'abri de toute censure,  qui soudain lui retire de sa pesanteur  habituelle ? 

Ou bien, est-ce cet allègement inattendu qui a provoqué son irrépressible envie de digresser sans retenue ?

Mais, parce qu'il pressent que la réponse doit loger dans un espace-temps inaccessible à sa conscience raisonneuse, il estime vaine la question. Et alors, faute de pouvoir tout connaître des tenants et aboutissants de son état, il se contentera d'en jouir, sans autre motif.


Ses deux mains sur le haut de son dossier, il s'apprête à déplacer la chaise à l'endroit convenable.


Là, son geste est en suspens. 

Tout en lui et autour de lui est comme engourdi, d'un même engourdissement... bénéfique ? Ou plutôt, agréable... 

Oui, agréable suffit. Parce que léger, encore, et surtout bien réparti, lui semble-t-il, également, dans toutes les parties de son être. Ce n'est pas un de ces engourdissements menaçants qui nous font craindre que le moindre mouvement pourrait bientôt nous être interdit.

Non, il se sent en pleine possession de toutes les parties de son corps.

... À moins que ce soit l'ensemble de toutes les parties de son corps qui ait pris possession de lui ? 

Il sait qu'il lui faudrait alors définir quel est-il, ce lui, si distinct de tout son corps, à lui... 

Oh, non ! Pourquoi faut-il qu'il se retrouve encore entraîné dans ce genre de méandres ! À éviter, et de toute urgence ! Ne pas même s'en approcher.


Il est resté sans plus faire un geste, debout derrière la chaise, les mains posés sur le dossier.

C'est évident d'un coup : le silence !

Un de ces silences tout naturels, d'ailleurs, et qui sonnent comme ils ne peuvent sonner que dans la nature naturelle : un silence fait du concert d'une myriade de bruits, tous également minuscules, et même microscopiques. Ce que chacun d'eux serait par lui-même se retrouve tout à fait submergé dans le concert de l'ensemble de tous les autres. Toute la matière de cet ensemble est d'ailleurs elle-même des plus ténue. Mais, ce qui la compose vraiment n'est pas la dimension particulière de chacune des parties concertantes ; c'est qu'aucune d'entre elles ne peut y être distinguée d'aucune autre. Aucune n'a une dimension particulière.

Ce silence, c'est la brusquerie de son apparition qui l'a surpris, pense-t-il.

Mais, non : c'est qu'il vient de percevoir sa présence seulement à l'instant, brusquement. 

Le vent avait tellement tout agité, partout, toute la journée, qu'il lui était entré dans le corps - au point qu'il ne pouvait suffire qu'il soit tombé, semblait il, pour qu'il en sorte sans attendre.

Mais, après tout, si quelque chose tombe d'un côté de la balance, c'est que, de l'autre côté, quelque autre chose va se lever ?

Si le vent tombe, alors, c'est le silence qui se lève ?

...

Le voilà reparti à digresser... Non : on ne dit pas ça, "un silence s'est levé" !

Pourtant, là, c'est bien ce qu'il ressent : ce silence monte de la terre...

Il regarde devant lui, comme s'il allait surprendre le silence en train de s'élever au-dessus de l'herbe, comme une buée...

Il regarde autour de lui. À droite, séparant le jardin de la route, et recouvert de sa couche de lichen, le parapet de pierre. Dessus, une petite chose, posée, accroche son regard. 

Sur le vert sombre du lichen luisant sous la dure lumière déversée par le réverbère, ça fait une tache claire et mate.


Mais ça, c'est ce qu'il pourra en dire plus tard : ça faisait une tache claire et mate. 


Sur le moment...

Mais, c'est un moment sans plus de durée dans la dimension du temps qu'un point géométriquement défini n'a d'épaisseur dans la dimension de l'espace.

Sur le moment, tous les mots se sont comme esquivés : tache, claire, mate, petite... Même le mot "chose" est absent. Tous les mots...

Tous les mots, avec toutes les possibilités de les articuler les uns avec les autres, tout cela qui est sans cesse à notre disposition, parce que, dans le monde humain, une chose qui n'est pas, d'une façon ou d'une autre, nommée... n'est pas.

Mais, là, ce n'est pas que les mots aient disparu ; c'est comme s'ils n'avaient jamais existé. 

Alors ils ne peuvent jamais avoir été nécessaires ; alors, ils ne peuvent pas lui manquer. 

C'est-à-dire que, ce qu'il voit sans le nommer, c'est présence pure, qui suffit à l'emplir.


Ce n'était qu'un simple caillou. 

Ainsi pourrait-on le nommer : simple caillou.



photographie : Thomas Grand




vendredi 30 août 2024

Trois jours de navigation dans les Archipels

 

Trois jours de navigation dans les Archipels



musique : Larue&Co

visuel : Patrick Guillot

  

De par le monde ouvert par les relations 'internet', ouvert d'une façon qu'elles seules rendent possible de cette façon particulière, des pensées se croisent, et parmi elles, parfois, certaines se reconnaissent si bien qu'elles peuvent faire "œuvre de concert". 

Oui : de concert, puisqu'il s'agit d'abord, ici, de musique.

Et, dans le monde de l'art, on ne trouvera jamais autant de possibilités d'œuvrer ensemble que dans le domaine musical.

C'est que la musique, depuis ses premiers âges, doit être cela : comme un lieu destiné à ce que les humains s'y retrouvent ensemble. 

La musique, parfois, va se loger 'par ailleurs' – là où elle sera toujours ce qu'elle est, pleinement, mais ailleurs.

Cet ailleurs est fait d'une matière non sonore, mais dans laquelle la musique peut prendre demeure, tout en demeurant ce qu'elle est, et croître, quoique non sonore.

Ainsi, souvent, la danse.

La musique peut faire danser les corps, muets. De même peut-elle aussi animer des images, silencieuses. Et puis, y revient la parole... 

C'est ainsi que musiques, images animées et textes se trouvent ici ensemble.

 


Si toutes les images ont été produites par Patrick Guillot, tous leurs agencements sont en définitive des « interprétations » chorégraphiques de la musique composée, préalablement, par Francis Larue.

Musique distribuée en vingt-quatre ilots, au milieu desquels on navigue assez librement, pendant ces trois journées

 C’est Francis Larue qui, maintenant, parle de sa propre navigation... 


 Première journée de navigation

https://youtu.be/9KjHHGIEw6o

Un si long traveling sur un paysage sans espoir, sans définition aucune, on ne sait rien de la durée, de l'espace et de sa réalité sinon de son étrangeté soudaine par ce qu'elle perd toute notion d'objectivité, de références à l'image comme à un ordre, comme à la beauté des choses. 

il n'y a pas de plan, d'angle, de grains, de bruit, de lumière. J'ai alors pensé à ces mêmes travellings au croisement des villes abîmées dans les film de Jim Jarmusch ; Ghost Dog ou Only Lovers left alive, ce même abandon des mondes entre chien et loup sur les ruines de Détroit. iI n'y a ni morale, ni regret, c'est simplement inéluctable.

 

Le fil est tendu entre l'errance et ces empreintes animées de couleur, de matières en fusion froide. On ne sait comment leur donner une marge ou même les approcher. Il faut prendre le cap et laisser faire les courants. Il n'y a pas à décrire ce qui n'est pas pour être saisi, inclus.

Et la confusion est certaine, mêlée, entrelacée entre image et musique. Ce n'est rien supposer d'autre que cette simple évidence. 

Jamais je n'ai vu, imaginé, rêvé des paysages, des histoires, des drames lorsque je travaille la musique, élabore les matériaux sonores. La musique est à elle seule et elle se suffit dans ce premier instant du processus. Voilà qui facilite sa mise au portrait, au miroir. 

Ici, l'image prolonge, continue, maintient la musique. Ce n'est pas un récit, mais un parcours. Pas un drame. C'est un archipel, nous pouvons nous y perdre et c'est ce que nous avons de mieux à faire...

 *

 

 Seconde journée de navigation

https://www.youtube.com/watch?v=6JbI9ceCa-s


 

Peut-être, cette relative immobilité des images soulignée pas une relative immobilité musicale, ce second parcours m’a semblé bien plus oppressant, et plus profond encore. 

Peut être l’immobilité même des espaces sonores, à l’approche des îles 3, 4 et 5. Peut-être, l’île 1 en ouverture, dissociée aux évidences par la définition de l’image entre ce qui est inscrit à vif, en piqué sur ce béton, et ce va suivre, ce qu’elles démontrent, ou ce que les images indiquent au deçà des apparences. 

Les urbaines sont en basse définition, le bruit, le grain, la tonalité force le regard vers un abandon, une fin de vivre, une absence et aussi une distance, immense, sommes-nous encore ce monde ? 

 


Les peintures suivent sans absoudre. Elles sont aux failles de couleur, cet immuable et ces reflets de pierres, de quartz fissurés. Il en sera de même à l’approche des îles suivantes jusqu’à la perte de toute dimension, de toute définition. Les arbres ne le sont plus, une ombre négative au blanc, mais ils fuient encore.



Troisième journée de navigation

https://youtu.be/bt_nxBmglKk

 Parcours à vue entre les récifs à angles de béton, les moles et les marches. Il faut se tenir droit sur le pont pour ne pas sombrer, à l’issue de l’odyssée, entre les immobiles, l’image en rappel, toutes ces distances. 

C’est une incise aux issues de pierre, de vagues, de glace, surfaces sans tain et replis en abîme.  


Surpris plus encore, par cette cohérence en un ensemble clos. Une troisième journée s'achève ici, sur le seuil du monde.

Avant même le silence. 


vendredi 23 août 2024

Une mémoire habitable ?

 

Une mémoire habitable ?

 

Dans la lettre de cet ami, reçue hier, il aura suffi d'une brève évocation de certaines choses passées pour provoquer, ce matin, entre sommeil et réveil, une espèce de "vision" - de celles qui se forment en nous sans que notre délibération y soit pour quelque chose.

 J'ai vu chacun de nous, je me suis représenté chacune des personnes humaines, comme autant de maisons.

Une maison alors tout particulièrement individuelle - à chaque fois avec son dessin unique, ses agencements pour chacune à nulle autre pareille. 

C'est que chacune de ces maisons était le produit de l'existence propre à chacun d'entre nous, ou du moins comme son relevé topographique en quelque sorte - en trois dimensions, et même plus.

Une simple figuration de la mémoire ?

Sans doute. Mais ce serait alors au travers d'une figure bien solide, et disposant d'une emprise sensible sur l'espace, et de dimensions suffisantes pour nous tenir rassemblés, et abrités des intempéries, etc. 

Rien à voir avec l'évanescence des souvenirs ?

 

Une personne humaine, une maison.

 Et alors, à l'échelle de l'humanité, une innombrable multitude d'entre elles déjà réduites en gravats, ou emportées au fond des abysses...

Avec, et pour quelques unes seulement, pour seule trace, peut être une vieille photo perdue entre les pages desséchées d'un vieil album, oublié au fond d'une cave... d'une autre maison ?

Admettons aussi qu'il soit possible, en quelques maisons exceptionnelles, que certaines de leurs pièces restent encore, pour un temps, ouvertes à la visite - sous la forme d'une salle de musée, où d'un livre sur l'étagère d'une bibliothèque ?

 Mais, bien sûr, pour la plupart d'entre nous, cette maison-là, faite de tout ce que nous avons vécu, ou rêvé de vivre, de tout ce que nous avons pensé, désiré ou craint, et finalement éprouvé vraiment, pour ensuite nous en souvenir tout au long de nos jours ou bien, croyons-nous, pour l'oublier un peu, ou tout à fait - cette maison-là n'est qu'à notre usage exclusif. 

Et, la plupart du temps, n'y pénètrent que les personnes que nous y invitons - pour autant qu'elles puissent s'y retrouver...

 Ce que je retiens d'abord ici, c'est que tout, toujours, demeure, dans cette maison : rien ne peut jamais s'y trouver définitivement oublié, ou perdu.

Des pièces peuvent être restées longtemps fermées, encombrées d'un désordre qui semble inextricable quand, par curiosité ou par inadvertance, nous en entrouvrons un instant la porte - que nous refermons aussi vite ! 

Mais, refuser de considérer ce désordre n'effacera pas son existence...

 

D'autres pièces sont restées à peu près comme elles étaient, nous semble-t-il, quand nous les avions refermées, il y a si longtemps, pour la dernière fois...

Sans doute la poussière accumulée en dissimule certains détails. Mais voilà, un peu de ménage, et on ouvre les volets ! Et tout se retrouve propre et vif sous le soleil neuf...


mardi 7 mai 2024

LES DYNASTIES EN FEU_ collectif CK2G

 

LES DYNASTIES EN FEU

par le collectif CK2G :

Bruno Clochard (image) / Kitusai & Guska (musique) / Patrick Guillot (montage)

https://www.youtube.com/watch?v=zQHjjGBq7Bk

 

Patrick :

Après Ghost City, puis Le Théâtre des Âmes et les Trois Livres des Métamorphoses Miniatures, tu nous a proposé, Bruno, ces Dynasties en feu.

Cette série de huit tableaux réunis sous ce titre, d’où vient-elle ?

This series of eight paintings gathered under this title, where does it come from?

Bruno :

Elle vient du chaos !

Ma démarche, dans cette série, Les Dynasties en feu, est inspirée de ce chaos ambiant, partout autour de notre belle planète bleu depuis bien trop longtemps…

De ces guerres en Europe de l'Est, au Proche Orient, au Moyen orient, Asie, Afrique… De ces dynasties démocratiques qui ont semé la mort par le feu nucléaire…Et de ces dynasties dictatoriales, utilisant leurs armes chimiques contre leurs populations...

Partout, là où encore et encore sévit la folie meurtrière des hommes et de leurs religions…

C'est un regard noir sur les marchands d'armes et leurs acheteurs-dictateurs à deux balles… C'est une poésie d'un Rocker No Futur pour nos démocraties arc-en-ciel…

Un grain de gros de sel dans l'engrenage rouillé de nos sociétés qui doivent se réveiller… Et sortir du bruit insensé, incessant, des mégas hygiaphones-bottes...

Patrick :

Mais, ces visions terribles provoquent à la création ?

Kitusai :

Ces tableaux de la série « Dynasties en Feu » de Bruno Clochard ouvrent de vastes champs créatifs. Avec Guska nous nous y sommes immergés avec délectation. Avec ces images en tête et à l’écran, nous nous sommes envoyés des séquences d’une minute que chacun a retravaillé et complété dans une délicieuse anarchie.

Tout est venu avec une grande facilité et finalement peu d’allers-retours.

Mais c’est bien sûr à Patrick que revient le rôle de chef d’orchestre en faisant danser toute cette matière organique formée d’images et de sons pour en faire un objet artistique vivant et cohérent. Du moins l’espère-t-on !

Guska :

I couldn't find better words for our creative process !

Patrick :

Chef d’orchestre ? C’est vraiment trop dire…

De mon côté, encore une fois, je me sens plutôt comme un simple danseur, qui a seulement à se laisser conduire par le flux de vos musiques. C’est lui qui est à l’origine d’un mouvement intérieur qui s’entrelace, spontanément, à celui de mon regard, parcourant ces images composées par Bruno, et découvrant successivement toutes leurs strates…


  00:00:00         Roots


 00:02:18     1_ FAT MAN & LITTLE BOY (Fat Man)

00:04:44     2_ LA DESCENDANCE DES FOUS DES DIEUX (La Descendance)

 00:07:28     3_ LA FAMIILE KIBBOUTZ POUSSIERES (funky family travels south)

 00:09:46     4_ LES ROCKET MEN (space parano)

 00:12:29     5_ LES MARIES SOUS UN DELUGE DE PARADOXES (Dynastic Choir)

 00:14:53     6_ LES 13 ZOUAVES (Dreaming Zouaves)

00:17:13     7_ LE GARDIEN DES LABYRINTHES (Les Madames Chad)


00:20:00     8_ LA PETITE JONGLEUSE DE GRENADES (a dog named sparkle)

00:22:20     9 KromaRoma


Patrick :

This series of eight paintings gathered under this title, where does it come from?

Bruno :

It comes from chaos!

My approach in this series, Dynasties en Feu, is inspired by this ambient chaos, everywhere around our beautiful blue planet for far too long…

From these wars in Eastern Europe, the Middle East, the Middle East, Asia, Africa… Of those democratic dynasties that sowed death with nuclear fire… And these dictatorial dynasties, using their chemical weapons against their populations...

Everywhere, wherever the murderous madness of men and their religions rages… It’s a black eye on arms dealers and their dictator-buyers.

It is a poetry of a Rocker No Future for our rainbow democracies… A grain of salt in the rusty gears of our societies that need to wake up.

And get out of the senseless, incessant noise, mega hygiaphones-boots...

Patrick :

But, these terrible visions provoke creation?

Kitusai :

The paintings in Bruno Clochard's "Dynaties en feu" series open up vast creative fields. Guska and I immersed ourselves in them with relish. With these images in our heads and on the screen, we sent each other one-minute sequences that we each reworked and completed in a delightful anarchy. It all came together very easily, with very little back and forth. But it's Patrick, of course, who plays the role of conductor, making all this organic material of images and sounds dance together to create a coherent, living artistic object. Or so we hope!

Guska :

I couldn't find better words for our creative process!

Patrick :

Conductor? That’s too much to say…

For my part, once again, I feel more like a simple dancer, who only has to be led by the flow of your music. It is he who is at the origin of an interior movement that spontaneously interweaves itself with that of my gaze, traversing these images composed by Bruno, and successively discovering all their strata…

 

Bruno Clochard : https://www.bruno-clochard.com

Kitusai : https://www.kitusai.com

Guska : https://guska.bandcamp.com

Patrick Guillot : http://patrickg75.blogspot.fr